Identification et Attribution de la
Première Horloge à Pendule
de
CHRISTIAAN
HUYGENS.
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INTRODUCTION
Bien que cela soit souvent le cas, il est toujours embarrassant,
à la découverte de nouveaux éléments d’appréciation, de devoir remettre en
cause des thèses jusqu’alors admises comme acquises. Dans l’affaire qui nous
occupe, l’identification de ce qui est très probablement la toute première
horloge à pendule et son attribution à Christian Huygens, contraint de rouvrir
une page de l’histoire de la mesure du temps, que l’on pensait tournée depuis
longtemps grâce aux travaux de chercheurs de grande réputation. Les théories,
selon lesquelles, Salomon Coster fut le premier horloger de Christian Huygens,
ou que ce dernier ait pu développer son invention sans l’assistance d’un horloger,
sont radicalement remises en cause.
CHRISTIAN HUYGENS N’A PAS CONSTRUIT SEUL LES TOUTES PREMIERES
HORLOGES A PENDULE.
Christian Huygens ne cite aucun horloger comme ayant
été associé au développement de son invention. Cependant, il ne
peut avoir changé les règles de pensée et de réflexion scientifique, de toute
une profession centenaire, sans les avoir lui même expérimentées sur des instruments,
spécialement conçu pour lui à cet effet. Cela eut été contraire au pragmatisme
de ses méthodes de travail qui imposaient l’usage de valeurs de grande précision.
En l’occurrence, il avait impérativement besoin de connaître les limites et
la portée de son invention avant de la rendre publique.
Huygens date son invention du 25 décembre 1656(1
Cette date ne peut être considérée comme celle d’une inspiration soudaine,
l’idée de l’application du pendule aux horloges, n’a pas été aussi spontanée
que ne le fut pour Archimède, la révélation de son principe. En
fait, bien qu’il ait souvent été dit que Huygens avait adapté le pendule aux
mouvements d’horlogerie, il est sans doute plus correct de dire, qu’il a mis
les mouvements d’horlogerie en conformité avec les lois du pendule.
L’objectif de son intention était plus, à l’origine,
de libérer les astronomes de la contrainte d’avoir à lancer manuellement un
pendule, qui était alors utilisé pour leurs observations, puis de compter
ses oscillations pour en mesurer la durée (2
.
Après avoir réalisé à quel point cela pouvait améliorer
la précision des mouvements d’horlogerie, il avait très certainement commandé
une horloge, perfectionnée de cette manière. Dans ces conditions, la date
de Noël 1656 marque probablement la fin de la mise au point du dernier élément
manquant, comme la fin des essais de cette machine expérimentale.
Ce sont à n’en point douter, les performances exceptionnelles
de ce dispositif, qui ont amené Christian Huygens, à prendre la décision de
rendre publique ses espoirs de résoudre le problème du calcul de la longitude
en mer par la mesure du temps (3.
Vers le début des années 1657, il devait déjà avoir réussi à franchir
deux paliers dans la précision, par rapport aux garde-temps antérieurs à l’invention
du pendule, parvenant à des résultats de l’ordre de quelques secondes par
jour. Comment autrement, un homme scientifique tel que lui, aurait il pu se
flatter d’une invention susceptible de résoudre le problème des longitudes
? En dehors de ce domaine bien spécifique, il avait impérativement besoin
de disposer pour ses observations astronomique, du garde-temps, le plus précis
possible, en particulier, pour ses études sur l’accélération de la marche
et ses recherches sur l’accélération constante de la gravitation, domaine
dans lequel, son pendule conique lui a permis plus tard de trouver la solution.
Dans ces conditions, la logique seule permet de penser, que dès que Huygens
a pris conscience du véritable potentiel de l’échappement associé à un pendule,
il a ordonné la mise en fabrication de la meilleure machine possible,
afin de permettre la poursuite de ses expériences.
Tout confirme, ce que la seule logique permet de supposer.
Il y a tout d’abord les résultats matériels de ses expériences sur les perfectionnements
qu’il a développé, avant de déposer son brevet :
● |
Le dispositif de maintien sous tension du ressort moteur, pendant le remontage. |
● |
Un train de roues optimal. |
● |
Une fourchette de pendule avec suspension flexible et courbes isochrones
(4. |
A elle seule, la proposition de Wendelin
(1589-1667) sur la variation des saisons, aurait nécessité plusieurs mois,
pour être correctement évaluée.(5
Il se trouve par ailleurs un certain nombre de preuves écrites. Il les évoque
le 1er novembre 1658, dans une lettre adressée à Pierre Petit :
"...J’ai
tout d’abord suspendu mon pendule entre deux lames incurvées …. que par
expérience j’ai appris… à façonner… Et je me souviens d’avoir si bien
réglé deux horloges de cette manière, qu’en trois jours, elles n’ont même
pas marqué une différence d’une seule seconde, bien que dans la même période,
j’ai souvent changé leurs poids, tantôt pour des plus lourds, tantôt pour
des plus légers
"(6.
|
Il est tentant de penser, que c’est la perfection apportée
par ces courbes cycloïdales isochrones, bien qu’elles aient été obtenues de
manière empirique, qui est commémorée par la date du 25 décembre 1656.
Pour l’un des plus éminents géomètres de son temps, la
solution d’un problème, aussi complexe que contrariant pour lui que la cadrature
du cercle, a du être particulièrement agréable, un véritable soulagement.
Quoi qu’il en soit, il est clair, à la lecture de ce passage, qu’il a façonné
la courbure de ses lames cycloïdales d’une façon empirique, par des expériences
sur (au moins) deux horloges à poids indiquant les secondes. Dans la mesure
où la courbe de ces lames, fait partie intégrante de l’invention de Huygens,
ces expériences ont du se dérouler dans le courant de l’année 1656. En avril
1657, soit deux mois avant le dépôt du brevet, Claude Mylon (1618-1660), dans
une lettre, émet le souhait, que l’horloge de Huygens, puisse fonctionner
tout aussi bien avec un ressort moteur, qu’avec des poids,
.. rien ne serait plus souhaitable pour le calcul des
longitudes.. »
(7 |
CE
N’EST PAS SALOMON COSTER QUI LES A CONSTRUIT POUR LUI
Dans ces
conditions, qui a construit ces horloges? En particulier, qui a réalisé celle
qui est dessinée dans la demande du brevet, en date du 14 juin 1657, qui a
été accordée deux jours plus tard, après l’examen de ce garde-temps, par une
commission des Etats Généraux de la Hollande Unifiée? Il a paru logique d’en
conclure, que la réponse à ces deux questions, est que Huygens avait chargé
Salomon Coster de cette mission. Avant d’aborder les raisons qui ont amené
Huygens à renoncer à son premier horloger, il est nécessaire de mettre en
lumière tous les éléments de preuves, qui vont à l’encontre de la participation
de Coster à toute cette partie de la phase expérimentale.
Tout d’abord,
un passage déjà cité d’Horologium, désignant Coster, est particulièrement
ambigu et pause problème. Huygens écrit en effet
(8
.« …. des praticiens compétents que j’avais informées du principe de cette
invention, ont été en mesure d’y apporter un certain nombre d’améliorations,
ils ont en particulier trouvé le moyen de l’adapter sans difficulté à
différentes sortes d’horloges, ainsi qu’à celles, déjà terminées depuis
très longtemps, telles qu’elles étaient conçues autrefois. J’ai vu en
particulier, dans l’atelier de celui que j’avais tout d’abord employé
pour ces constructions, des pendules complètement terminées, qui fonctionnaient,
non pas avec des poids, mais par la force d’un ressort. Dan ce type de
travail, jusqu’à présent, les variations de la force motrice, entre le
moment où le ressort vient d’être remonté et celui où il est pratiquement
détendu, étaient compensées par une fusée sur laquelle était enroulée
une corde à boyau ; ce procédé a maintenant été abandonnées au profit
de mécanismes dans lesquels, les dents des roues engrènent directement
sur celles du barillet qui contient le ressort moteur….. …… je ne parle
pas ici, de ces horloges qui ont été conçues pour sonner et pour marcher,
avec un seul et même mécanisme (qu’il soit à poids ou à ressort) utilisé
tout à la fois pour la sonnerie et pour faire tourner les aiguilles, car
elles n’ont absolument rien à voir avec mon invention ».
|
Qui, à par Coster, pouvaient bien
être ces praticiens qui ont pu apporter de telles contributions à l’invention
de Huygens ? Pourquoi emploie-t-il la phrase « lui, qui a tout d’abord travaillé
pour moi » si, ainsi qu’on l’a toujours pensé, Huygens n’avait pris qu’un
seul brevet à l’époque où il écrivait ces lignes ? Partant du fait que Huygens
ait pu ainsi faire allusion à Coster, ainsi qu’il l’a fait dans sa lettre
à Pierre Petit (1598-1677) en date du 1er novembre 1658, en écrivant « mon
ouvrier » ou encore par exemple, mon licencié ?
De
même, les mots : « J’ai effectivement vu dans l’atelier »(9
peuvent difficilement s’appliquer aux l’horloges de Coster, telles qu’il les
décrit au début du chapitre, comme ayant existé en plusieurs exemplaires…
déjà prêtes à être mises en vente ou à être expédiées pour différentes destinations.
S’agissait-il alors, des horloges, terminées depuis longtemps à l’ancienne
manière (maintenant converties à pendule), que Huygens avait effectivement
vues, dans l’atelier de cet horloger ? Cette interprétation aurait mieux convenu
aux expressions absolument ou véritablement et à horloges terminées (« talia
quoque confecta ». On peut parfaitement imaginer par exemple, qu’il ait pu
voir, des horloges de tables horizontales, dressées sur une de leurs faces
latérales et sur lesquelles un pendule aurait été adapté à la place du balancier
circulaire. La dernière partie du paragraphe ci dessus, commence par : « maintenant
elles sont abandonnées » (l’usage du couple fusée et chaine) parlant de barillet
denté ou d’horloges avec barillets montés en tandem. Ces termes pourraient
également convenir pour les horloges à pendule de Coster avec ressort moteur.
Quoi qu’il en soit, elles peuvent aussi fort bien ne pas être les horloges
vues dans l’atelier de celui, que Huygens a tout d’abord fait travailler.
Enfin, l’identité de ce premier employé, dépend de l’identification précise
de l’expression « ces constructions », qui peuvent tout aussi bien concerner
des horloges commerciales, disponibles pour la vente, et non des horloges
expérimentales.
●
Les circonstances dans
lesquelles la demande de brevet a été rédigée, peuvent être dans ces conditions,
déterminantes. Huygens autorise Coster à présenter sa demande de brevet pour
son propre compte. Cela pourrait apparaître comme une confiance inhabituelle
de la part de Huygens, et permet de penser que le savant était très sûr de
lui et pensait contrôler parfaitement la situation. On sait que le dessin
de l’horloge, est de la propre main de Christian Huygens et que la commission
des Etats Généraux était venue l’examiner, avant de donner son agrément deux
jours plus tard
(10 Ils font par conséquence
référence à cette horloge, comme à celle faite par Huygens (gepractiseert
by’(11)
avec
permission donnée à Coster de la copier (naer te maeken
(12).
Ceci confirme l’impression que Coster a présenté au Comité une horloge, qui
n’avait pas été construite par lui.
●
En résumé, il n’existe
aucune preuves écrites permettant de penser que Coster ait pu être autre chose
que le bénéficiaire aussi soudain que fortuné du privilège commercial de Huygens.
●
Un certain nombre de
preuves tangibles permettent au contraire, de soutenir cette thèse. Aucune
des sept horloges de Coster, actuellement connues, présente la moindre trace
de la rigueur scientifique de Christian Huygens. Un simple barillet denté,
le mouvement s’articulant dans le cabinet par une charnière, et surtout l’absence
de l’indication des secondes, démontrent au contraire, le manque d’ambition
de ces horloges, pourtant basées sur des principes aussi révolutionnaires.
Force est bien d’en conclure que Huygens les considérait comme de simples
garde-temps destinés à un usage domestique. Elles justifient ainsi cependant,
l’engouement qu’elles suscitent de nos jours chez les amateurs d’antiquités.
La plaque sur laquelle elles sont datées, avec son inscription « Met privilège
», revêt dans ces conditions la plus haute importance. Il est en effet exceptionnel
que des horloges soient datées, quelle que soit l’époque de leur fabrication.
Il est néanmoins possible, que ces plaques témoignent que Coster avait bien
acquitté le montant de la redevance qu’il devait à Huygens pour la licence,
sur chacune de ces pièces. Il bien est possibles que toutes ces plaques avaient
été fournies, avec la date et la mention : Met privilège, déjà gravé en facsimilé
d’une écriture manuscrite, et peut-être la date, mais rien de plus (le reste
était laissé en blanc, pour que le nom de l’horloger puisse y être gravé plus
tard, quand l’horloge aurait été vendue
(13 Les partisans
de Coster peuvent bien se plaindre qu’on n’ait retrouvé de son œuvre, que
des horloges à usage domestique d’une qualité relativement médiocre, il doivent
néanmoins reconnaitre que dans ses listes de prix, il n’a été trouvé aucune
trace d’œuvres plus élaborées, alors qu’il n’y a aucune raison qu’elles n’aient
pas été, ne serai-ce que mentionné pour mémoire.
QUELLES ONT PU ETRE LES RAISONS,
POUR
QU’IL AIT CHANGE D’HORLOGER.
Pour
quelles raisons Huygens aurait-il changé d’horloger ? Il en existe au mois
trois, pour justifier de cette décision. Il explique lui même tout d’abord,
au début de son « Horologium », qu’il avait souhaité donner à sa patrie de
naissance, la Hollande, le bénéfice de son invention. Si ce pays n’avait pas
été la patrie de son horloger, ou tout au moins, celui de son domicile, des
problèmes de propriété intellectuelle auraient été inévitables. Le fait que
Huygens insiste sur ce souhait, indique qu’il y avait en la matière, un problème
qui dépassait la simple question de patriotisme, aisément compréhensible en
la circonstance. Deuxièmement, la propriété intellectuelle de son invention,
était ce que Huygens possédait de plus précieux. Il est également possible
qu’il ait pensé préférable de séparer son invention proprement dite, de son
exploitation commerciale, afin de mieux la protéger. Troisièmement, étant
à l’avant garde des recherches dans le domaine des sciences physiques, il
était clairement à son avantage de pouvoir disposer de garde-temps plus précis
que ceux de ses concurrents. Il peut dans ces conditions, avoir délibérément
décidé de ne mettre sur le marché que les productions, déjà disponibles, d’une
qualité inférieure, produites par un horloger différant. Toute la question
est donc de savoir, s’il y avait ou non un autre horloger, dont le nom ait
volontairement été laissé dans l’ombre, et s’il y en avait un, pourquoi ne
subsiste-il, aucune trace de son rôle. L’explication la plus probable, est
que cet horloger n’a joué qu’un rôle mineur, si ce n’est aucun rôle dans cette
affaire, et ait accepté dès le début, la condition draconienne de garder le
secret le plus absolu et de renoncer à toute revendication potentielle sur
ce brevet. Il est possible aussi, qu’un contrat à cet effet, ait été signé
devant notaire. Quoi qu’il en soit, il convient de se souvenir, qu’il existe
au moins la trace d’une controverse avec un autre horloger. Jean Chapelaine
(1595-1674),
dans une lettre
à Christia n Huygens en date du 20 août 1659, mentionne cet horologeur
de nôtre » qui s’efforçoit de vous la ravir. Les éditeurs des
Œuvres Complètes, en tirent la conclusion, qu’il s’agit là, d’une référence
à Isaac Thuret (c1630-1706), Ils ne produisent cependant aucune preuve, pour
corroborer cette supposition
(14
●
Le seul document qui pourrait bien lever le mystère de ce premier horloger
de Christian Huygens, est constitué par le dessin, qui a été soumis par Coster
au jugement du Comité des Etats Généraux.
Malheureusement,
comme le déplorait Drumond Robison(15
il y a
77 ans, ce dessin a été perdu et il n’en existe aucune autre copie …
à moins que, peut-être… ?
LES PREUVES NEGLIGÉES
On
a longtemps considéré que la plus ancienne illustration d’une horloge à pendule
de Huygens, a été publiée dans son Horologium de 1658. Cette illustration
représente en fait son deuxième type d’horloge, avec échappement à verge vertical,
engrenage « OP », afin de réduire l’amplitude du pendule, et l’absence de
courbes cycloïdales. Cette horloge bat la demie seconde (fig1).
L’autre illustration,
qui a été publiée d’une horloge conventionnelle de Christian Huygens, est
celle, bien plus connue, tirée de Horologium Oscillatorium, ouvrage
publié 15 ans plus tard en 1673.
Fig. 1 (click to enlarge)
Première horloge à pendule de Huygens, telle
qu’elle a été illustrée dans Horologium de1658.
(view
high res. picture)
Elle
représente une horloge qui bat la seconde, avec des courbes cycloïdales et
un échappement à verge horizontal (fig2). On considère qu’il s’agit là, de
la représentation d’un régulateur, destiné à l’usage personnel de Huygens
au milieu ou vers la fin des années 1660. Il s’agit en fait d’une représentation
de la première horloge à pendule de Huygens, produite en 1656/7. C’est probablement
la copie du dessin original, qui accompagnait la demande de brevet. La preuve
en a heureusement été préservée dans l’ouvrage de Benjamin Martin (1705-1784),
Newtonian Mathesis
(16
publié en 1764.
Il avait certainement obtenu, d’une manière ou d’une autre, les gravures sur
bois originales de 1657, qu’il avait reproduit avec la précision suivante:
« La
construction pour l’application du pendule aux horloges, est maintenant
quelque peu différente de celle qui illustrait l’invention originale de
l’horloge à pendule de Monsieur Christian HUYGENIUS de Zulichem en Hollande,
qu’il a décrit et publié pour la première fois, avec un dessin gravé sur
bois en 1657 et qui peut à juste titre être considéré comme une des grandes
curiosité de l’art et n’a jamais (à notre connaissance) été exposé à la
vue d’un lecteur britannique, va être présenté ici, gravé sur bois, exactement
à l’identique avec l’original. (fig.3)
|
Fig. 2 (click to enlarge)
Horologium Oscillatorium, (1673).
The plate from Benjamin Martin's copy.
(view
high res. picture)
Cette gravure
sur bois représente la même vue latérale du mouvement, que celle qui
est publiée dans Horologium Oscillatorium, bien qu’elle soit
d’une dimension différente, et dépourvue du poids sur la tige du pendule,
permettant un réglage de précision. Martin a tellement été enthousiasmé par
cette découverte, qu’il a inscrit sur sa copie personnelle d’ Horologium
Oscillatorium, avec au dessus de l’illustration la mention : « Huygenius’s
Original Clock ».fig.4)
(17
Fig. 3 (click to enlarge)
Newtonian Mathesis (1754).
A copy of Huygen's woodcut of 1657
(view
high res. picture)
Il ajoute aussi la date indiquée
par Huygens lui même, en précisant : « 1657, first publish his clock », sans
doute heureux des premiers mots de Huygens : Annus agitur sextus decimus ex
quo fabricam horologium, gravés avec la date inscrite sur la figure. (fig.
5).
Fig. 4 (click to enlarge)
Benjamin Martin’s annotation above the plate of his copy of Horo/ogium Oscillalorium.
Fig. 5 (click
to enlarge)
Benjamin
Martin’s reckoning of the date on the title page of his copy of Horologium
Oscilatorium.
Dans
la mesure où Martin indique qu’à sa connaissance, cette gravure sur bois,
n’avait encore jamais été vue par un lecteur britannique, il est possible
de se demander si elle faisait bien partie de la vente aux enchères des affaires
personnelles de Huygens, qui s’est déroulée en Hollande en 1754. Cette vente
aux enchère comprenait entre autre, des lentilles de télescope, un planétaire,
et une horloge, qui furent acquis par A.J. Royer, un petit neveu de Huygens,
et qui furent légués en 1809 à l’université de Leyde
(18
●
Le fait
que Huygens ait choisi de représenter sa première horloge, dans un travail
publié 16 ans plus tard, ne devrait pas être une surprise pour les historiens
spécialistes de Christian Huygens. Il est admis depuis longtemps, que tout,
sauf la dernière partie d’Horologium Oscillatorium, a été rédigé vers
la fin de 1659
(19
Selon toutes
probabilité, le premier chapitre a été commencé en octobre 1659 (bien
que les informations concernant les essais en mer, soient d’une date postérieure).
Il est manifeste que Huygens n’aurait pas commencé sa description de l’horloge,
sans y joindre un croquis annoté. Vers 1659, avec sa découverte et la preuve
de l’efficacité des courbes cycloïdales, il dévoile son horloge du deuxième
type, avec engrenage OP (illustré dans « Horologium »), reprenant le dessin,
tel qu’il était à l’origine. Il devait avoir de bonnes raisons d’utiliser
le dessin de son horloge originale, probablement de celui là même, qui était
joint à sa demande de brevet. La seule amélioration en effet, apportée à cette
première horloge, étant parfaitement invisible, elle porte uniquement en effet,
sur le profil des courbes, qui sont désormais parfaitement cycloïdales, ce
qui est expliqué dans le corps du texte. Différentes preuves démontrent que
le croquis utilisé à l’origine pour Horologium Oscillatorium, avait
ultérieurement été modifié. La théorie comme la forme du contrepoids,
permettant un réglage de précision, a été mis au point au début des années
1660. Ce petit contrepoids est indiqué par la lettre grecque Delta,
(Δ) qui n’entre pas en séquence, avec les autres, ce qui montre
bien qu’elle ne faisait pas parti du croquis d’origine. La graduation linéaire
de ce poids, à l’extrême gauche (fif.1iv) de cette planche, semble de même
être une addition postérieure.
Leur
description est contenue dans la quatrième partie, rédigée en 1664. Il est
intéressant de remarquer que la gravure sur bois de Martin, ne comporte pas
ce poids de réglage de précision. Il existe d’autres preuves, que le dessin
original de la première horloge à pendule de Christian Huygens, avait déjà
circulé avant la publication de Horologium Oscillatorium. Il apparaît
en effet sur une gravure française de 1671 (fig.6).
(20
Une pendule
tout à fait semblable, dans laquelle la grande roue effectue une révolution
complète en deux heures, est illustrée enfin, dans une lettre adressée en
1669 par Christian Huygens à Canon Estienne (16 ??-1723).
(21
Fig. 6 (click to enlarge)
A French engraving of 1671 showing Huygens’ clock which appeared 2 years later
in Horologium Oscillatorium.
Dans
la mesure où la thèse contenue dans cet article, a été pour l’essentiel, rédigée
avant la découverte de l’illustration de Martin, ce n’est pas en raison de
cette information, qu’il a été noté que l’horloge de Horologium Oscillatorium,
présente tous les éléments permettant de penser qu’elle puisse être le tout
premier prototype. Il y a des éléments qui n’apparaissent pas dans les reproductions
postérieures : la lentille de balancier un forme de bateau, le pignon de la
roue d’échappement d’un très grand diamètre, ainsi que le cadran tournant
des secondes. Le fait aussi qu’il s’agisse d’une horloge à poids battant les
secondes, sont autant de caractéristiques, qu’il est tout à fait normal d’attendre,
de la part d’un homme tel que Huygens, désireux de tester ses théories sur
les oscillations du pendule. Le fait même, que cette horloge apparaisse dans
Horologium Oscillatorium, avec sa description détaillée dans le corps du texte,
donne encore plus de sens au choix du dessin original, que s’il avait utilisé
le dessin quelconque, d’une horloge postérieure. Si Huygens avait souhaité
être cohérent avec l’état de développement de son horloge à la date de 1673,
il aurait certainement choisi d’illustrer au contraire, un modèle doté d’un
échappement à ancre.
Fin de cette section, cliquez ici pour continuer.
|
Notes: |
A |
|
Traduction d'un article dans le numéro Décembre 2008
d'Antiquarian Horology.
(retour
au
texte) |
|
1. |
|
Nijhoff, M. Oeuvres complètes de Christian Huyggens . La Haye 1932-
Vol 2, p. 109 – Huygens donne la date « pour le premier modèle de
ce type d’horloge » dans une lettre qu’il a adressée à Ismaïl Boulliau.
(1605-1694.
(retour
au
texte) |
Ismail
Boulliau
|
|
|
2. |
Christiaan
Huygens, Horologium (La Haye, 1658), P.4.
(retour
au texte) |
3. |
Nijhoff,
M. op.cit. vol. 2, p. 5 – Lettre de C. Huygens à Van Schooten du 12
janvier 1657. Voir également ibid. p.7, pour la lettre de Huygens à
Mylon du 1er février 1657. Il exprime dans ces deux lettres, l’espoir
que son invention permette de résoudre le problème du calcul de la longitude
en mer, par la mesure du temps.
(retour
u texte) |
4. |
Le terme isochrone, s’entend ici
pour désigner l’objectif à atteindre. Huygens à cette époque les façonnait
de manière empirique, il n’avait pas encore calculé leur forme mathématique.
(retour
au texte)
|
5. |
Christian
Huygens. Op.cit. p. 14, « Il n’aurait certainement pas été possible
pour moi, d’observer quoi que ce soit de la sorte » Tel était le commentaire
de Huygens, concernant la proposition de Wendelin, précisant que cette
invention avait été testée par toutes les saisons.
(retour
au texte) |
6. |
Nijhoff, op. cit. vol.2, p. 271
(retour
au texte) |
7. |
Nijhoff, O cit. vol.2, p. 166
(retour
au texte) |
8. |
Huygens,
O Cit. p.14 (retour
au texte)
|
9. |
«
atelier » est une traduction par Ernest L. Edwards, du terme latin «
apud » qui est une préposition du cas accusatif, et qui peut avoir toutes
sortes de significations, dont « dans la maison de », « dans le travail
de », « parmi », « avant », « en présence de », etc… Il n’est pas certain
dans ces conditions, que Huygens ait spécifiquement vu ces horloges,
dans un « atelier », car il aurait pu tout aussi bien employer le mot
« officina ». Cela peut avoir une certaine importance, selon l’endroit
où ces horloges ont effectivement été vues par Huygens.
(retour
au texte) |
10. |
Nijhoff, op. cit. vol.2, p.29
(retour
au texte) |
11. |
La
signification précise du verbe « practiseeren » semble ici reposer quelque
part entre « réalisé » et « utilisé ». Un compte rendu contemporain
du meurtre de William the Silent, décrit ce fait (gepractiseert) par
le terme « assassin » !
(retour
au texte) |
12. |
Ce qui signifie : « conforme à l’original »., ce
qui confirme l’impression, que l’horloge présentée par Coster au Comité,
n’avait pas été faite par lui.
(retour
au texte)
|
13. |
Certaines des plaques ont
l’expression « met privilège » ainsi que la date, gravées d’une écriture
différente de celle de Coster, ces plaque semblent pourtant être originales.
Voir à ce sujet l’ouvrage « Huygens Legacy », de van den Ende, Hans
et autres. Fromanteel Ltd . Ile de Man, 2004, p. 25.(retour
au texte) |
14. |
Nijhoff,
M. op.cit. vol. 2, p. 29 (retour
au texte)
|
15. |
Drummond
Robertson, J. « The évolution of Clockwork » London 1931, p 76.
(retour
au texte)
|
16. |
Martin
Benjamin. « A New Comprehensive System of Mathematical Institutions
Agreeable to the Present State of Newtonian Mathesis », Londres 1754,
vol.2, pp.373-374. For Martin see, Milburn J.R. « Retailer of the Sciences
», Londres 1986.
(retour
au texte)
|
17. |
Crommelin,
C.A. « Descriptive catalogue of the Huygens Collection. » Leyde 1949
pp 22-23. (retour
u texte) |
18. |
Joella
C. Yoder, Unrolling Time (Cambridge, 1988), p.5. |
19. |
Il
est évident qu’on a utilisé des caractères plus petits dans la figure
IV d’ Horologium Oscillatorium, (retour
au texte)
Lulofs, Johan. « Waarneming van Mercurius op de schyf der Zon,
den 6 Mey 1753, gedaan te Leyden » Haarlem 1754 pp.372-378.
(retour
au texte) |
20. |
Van Gent,R.H. & Leopold,J.H.
« Timekeepers of Leiden Observatory » Leiden 1992, p.43, note 37.
(retour
au texte) |
21. |
Plomp, Reiner. « A Pendulum Clock Owned by The Danish Astronomer
Ole Romer (1644-1710) « Antiquarian Horology », Vol. 30, Mars 2008,
pp 624-628. (retour
au texte) |
22. |
Augarde, J.D. « Les Ouvriers du Temps » Genève 1996, p. 403.
(retour
au texte) |
23. |
Nijhoff,
M. op.cit. vol. IV, p.110.
(retour
au texte)
|
24. |
Nijhoff,
M. op.cit. vol. V, p.267. (retour
au texte)
|
25. |
Plomp,
Reiner, « A longitude timekeeper by Isaac Thuret with the Balance Spring
invented by Christiaan Huygens » Annals of Science, 56 (1999) p.383
Van Gent, R.H. & Leopold, J.H. op. cit. , p.31.
(retour
au texte)
|
26. |
Yoder, Joella. Op.cit. p.31.
(retour
au texte) |
back
|
|
Par:
Jean Claude Sabrier
&
Sebastian Whitestone. |
Traduction d'un article dans le numéro Décembre 2008
d'Antiquarian Horology. |
Retour à la fin de la section précédente.
LES
DEUX SEULES HORLOGES DE CE TYPE QUI ONT SUBSISTE.
L’exemplaire
représenté sur la gravure sur bois de Martin (et bien entendu, celui de la
planche d’Horologium Oscillatorium) représentent un modèle d’horloge, que
seul Isaac Thuret semble avoir produit. Deux mouvements de ce type seulement,
absolument identiques, sont actuellement connus. L’un d’eux, qui n’a par conséquent
encore jamais été publié, est celui, qui a été découvert voici bientôt 30
ans par Jean-Claude Sabrier. L’autre est actuellement conservé au Musée Boerhaave
de Leyde, en Hollande. (fig.7 et 8) et qui depuis très longtemps, est connu
pour avoir été celle de Christian Huygens personnellement.
En 1754, Lulofs (1711-1768) écrit dans des observations rédigées à Leyde:
Le garde-temps que j’ai
utilisé a été fait à Paris par Isaac Thuret sous le contrôle de Monsieur
Huygens … (19 |
John Leopold
comme Van Gent sont convaincus que cette horloge est une des deux qui
ont été mentionnées dans l’inventaire de l’observatoire en 1706
(20.
Si
cela est exact, celle léguée à l’Université de Leyde , dans la succession
de Royer en 1809, est une autre horloge. Le train de roues de l’horloge de
Leyde, est identique à celui du croquis de Huygens, sauf que le rapport d’engrenage,
entre la roue de champ et le pignon de la roue d’échappement, est de 40/20
au lieu de 48/24. Il existe selon Plomp, une autre horloge de Thuret dans
une collection privée. Il y a enfin une horloge avec un train de roues très
similaire, mais avec deux colonnes seulement, dans les collections du Ole
Romer Museum, au Danemark. Cette horloge cependant n’est pas signée et pourrait
bien n’être, qu’une copie danoise plus tardive de l’horloge du Musée Boerhaav
(21.
Fig. 7
(click to enlarge)
The clock by Isaac Thuret, Museum Boerhaave,
Leiden,
inv.no.Vg854.
Fig. 8 (click
to enlarge)
The back plate of clock by Isaac Thuret, Museum Boerhaave,
Leiden,
inv.no.Vg854.
●
Il y a
une trentaine d’année, Jean-Claude Sabrier a été appelé pour examiner une
horloge, retrouvée dans un grenier, enfermée dans un carton. Il a informé
le propriétaire de la grande importance de cette horloge et l’a convaincu
de ne surtout pas y toucher et encore moins de la restaurer. Il y a quelque
mois, alors que nous étions en train d’écrire cet article, il est parvenu
à convaincre l’actuel propriétaire de nous confier cette horloge pour que
nous puissions l’examiner dans ses moindres détails et éventuellement, de
la faire restaurer. Tous les détails de cette restauration sont consignés
ci après.
Figs
9-23.
Fig. 9 (click
to enlarge)
The Thuret clock discovered by Jean-Claude Sabrier, the case with opening
door.
(view high res picture)
●
La boîte est en laiton, avec la porte avant vitrée est montée sur charnières,
le panneau du fond coulissant. Elle est fixée à angle droit par quatre vis
sur l’arrière du cadran. La boîte est retenue au mur par des anneaux de fixation
sur les faces latérales, et non sur le dessus. De grosses vis à tête pyramidale,
permettent de régler leur écartement du mur.
Ses dimensions sont : 175 x 132 x 108 mm.
●
Le cadran en métal
argenté est en applique sur une "fausse plaque" de laiton doré .
Aiguilles d'origine en acier bruni. Les cadrans annulaires sont vissée
sur la "fausse plaque". Deux petits trous, de part et d'autre de la
signature, permettent de penser que cette dernière, à une certaine
période, a été dissimulée sous une plaque. Les dimensions sont de 235 X
192 mm.
Fig. 10 (click to enlarge)
Original hands.
(view high res. picture)
●
Son mouvement a un train
de roues identique à celui du croquis de Huygens :.
(see Fig. 2).
Train de roues: |
|
80 |
Grande roue.
|
8
|
48 |
Roue intermédiaire.
|
|
8 |
48 |
Roue de champs.
|
|
24 |
15
|
Roue d’échappement. |
|
Pendule: |
|
Coups 60 p/m.
Longueur nominale: 1 m.
(1 sec.) |
●
Une poulie de 19 mm de diamètre, permet au poids de descendre
de 143,3 cm en 24 heures.
La hauteur du centre de l’horloge pour 30 heures de marche, doit être d’au
moins 180 cm, soit 6 pieds.
Des traces indiquent que le rocher de remontage a été déplacé derrière le
cadran, à partir de sa place initiale, sur l’arbre de la grande roue, afin
de permettre la mise en place d’un engrenage supplémentaire pour une plus
grande autonomie de marche, ce qui a conduit à faire passer l’arbre de la
grande roue à travers la platine arrière, pour engrener avec une roue qui
a aujourd’hui disparue. Les poids, la poulie et le pendule ont également aujourd’hui
disparus.
Fig. 11 (click to enlarge)
of the metal box case and dial.
(view high res. picture)
Fig. 12 (click to enlarge)
Thuret clock, side view, metal box case,
hanging loops riveted to case sides.
(view
high res. picture)
Fig. 13 (click to enlarge)
Thuret clock, back view, box case removed.
(view high res. picture)
Fig. 14 (click to enlarge)
Thuret
clock, back of dial, case and movement removed.
(view high res. picture)
Fig. 15 (click to enlarge)
View of movement, note the crown wheel and large diameter pinion. Also note
the hole in the first arbor originally used for the pin securing the driving
pulley (now missing)
(view high res. picture)
Les Platines:
|
|
Dimensions: |
arrière
|
|
148,5 x 77 mm. |
avant
|
|
167,5 x 77 mm. |
Fig. 16 (click to enlarge)
The outer sides of the back (left) and front (right) movement plates.
(view high res. picture)
Fig. 17 (click to enlarge)
The inner sides of the back (left)
and front (right) movement plates.
(view high res. picture)
Fig. 18 (click to enlarge)
Thuret clock. The wheels and pinions.
(view high res. picture)
Fig. 19
(view high res. picture)
●
To
increase the duration between windings and allow for a lower positioning on
the wall this pulley has subsequently been removed and the first wheel arbor
extended through the back plate for an additional pinion. This pinion was
driven by an extra wheel (now missing) situated between the bracket and the
backplane, its arbor pivoted at the front in a small cock secured to the inside
of the front plate. The arbor of this extra wheel carried the new, and probably
larger, driving pulley. The lower position of this pulley was only accommodated
by filing flats on the insides of the two lower pillars. The ratchet
pulley
mounted on the back of the dial may still be the original, but reversed.
Fig. 20 (click to enlarge)
The back-cock would have originally held a silk suspension (two threads) and
the cycloidal cheeks.
(view high res. picture)
Une portion de tige filetée en laiton, retrouvée avec l’horloge,
a été conservée, dans l’éventualité ou il s’agirait d’un segment du pendule
d’origine. Il est cependant trop large pour pouvoir passer dans la fourchette
du pendule, ce pourrait cependant être la section inférieure de la tige du
pendule.
Fig. 21 (click to enlarge)
Pyramidal headed screws for adjusting
the vertical position of the clock on the wall.
(view high res. picture)
TPI |
fig. |
Filetage |
48 |
|
Support
des roues |
32 |
|
Potence
du bas |
32 |
22 |
Coq arrière |
32 |
|
Pont de
la roue de minutes |
32 |
23 |
Boîte
(laiton) |
20,5 |
21 |
Fond de
la boîte. |
23 |
|
Tige du
pendule. (laiton) |
Table 2
Filetage
des vis
Inch/Pouce traditionelle = 27.07 mm.
Fig. 22 (click to enlarge)
Vis coq
arrière
(view
high res. picture)
Fig. 23 (click to enlarge)
Case
securing screws.
(view high res. picture)
●
Deux trous de vis dans la plaque du cadran, de part et d’autre de la
signature, méritent d’être signalés, car ils pourraient bien indiquer que
la signature a été recouverte, à une certaine période, par une plaque. Le
fait de dissimuler le nom de Thuret, correspond bien avec le tempérament de
Huygens et son goût du secret. Il est tout à fait possible, dans ces conditions,
que les deux horloges aient appartenues à Huygens et il n’y a aucune raison
de penser qu’elles n’ont pas été produites à la même date que la gravure sur
bois de 1657.
●
Compte
tenu de leur description dans des articles précédents, les qualifiant de régulateurs
astronomiques, il est important de se souvenir, que toutes les horloges à
pendule expérimentales de cette époque, conçues pour être testées avec précision,
devaient impérativement être réglées par référence à des observations astronomiques
et par conséquent devaient impérativement avoir un cadran de type régulateur,
permettant une lecture précise des heures, des minutes et des secondes
ISAAC THURET
Isaac
Thuret est né à Senlis ver 1630, dans une famille protestante. Il s’est rapidement
fait de très nombreuses relations dans la bonne société. Sa sœur Susanne a
épousé Charles François Sylvestre , Maître de dessin des Enfants de France
et son fils Jacques, s’est marié avec la fille de Jacques Bérain, le célèbre
ornementaliste de la cour de Louis XIV.
(22
A l’âge
de 25 ans, Thuret est rapidement devenu le plus éminent des horlogers français.
Il n’est donc pas étonnant, que Christian Huygens ait pris contact avec lui
dès sa première visite à Paris en 1655. Huygens a passé en France quatre ou
cinq mois à l’automne de cette année là, la plupart du temps à Paris. Le nom
de Thuret n’est pourtant pas mentionné avant 1662 dans la correspondance
de Christian Huygens publiée dans les Oeuvres Copmplètes, quand ce
dernier appris que son père avait été impressionné par des horloges de Thuret
et demanda à son frère Lodewijk, dans une lettre en date du 12 avril :
« Comment
les horloges de Thuret sont-elles faites pour que mon père ait payé 10
ou 12 pistoles et les préfère aux siennes ? Si nous pouvions savoir comment
elles sont faites, nous pourrions former les horlogers d’ici"
(23
|
Cette
phrase a été interprétée comme une absence de relations entre Huygens et Thuret,
car elle semblait indiquer qu’il cherchait à s’informer sur le travail de
ce dernier. Cependant, la lecture complète du passage en question montre qu’il
s’agit en fait d’une demande de renseignement sur un type d’horloges, bien
particulier, pour lesquelles les compatriotes de Huygens, sous son patronage,
étaient en compétition directe. Huygens répond ici à un commentaire antérieur
et prend avantage du fait que son frère soit installé à Paris. En tenant compte
aussi des conflits d’intérêts de Christian Huygens, la requête de sa lettre
n’est pas surprenante et n’exclut pas, qu’il y ait pu y avoir par le passé,
une étroite collaboration entre Thuret et lui même.
●
La référence
suivante concernant Thuret, toujours dans la correspondance familiale, est
intervenue bien plus tard, en 1664, et concerne l’envoi par Pascal Hubert
à Thuret, d’une horloge pour réparation.
En 1665, Jean Chapelain (1595-1674)
écrit à Huygens à propos de la dernière horloge à remontoir d’égalité pour
laquelle un brevet français a été accordé :
« Monsieur Thuret,
cet excellent horloger, dont vous m’avez dit tant de bien, m’a rendu
visite hier pour m’offrir ses services à propos de la construction d’horloges
destinées à être utilisées à bord de navires, comme pour leur vente
et leur distribution (24
|
Jean Chapelain
(1595-1674)
Christiaan Huygens (1629-1695)
Chapelain était autorisé à faire usage
du brevet pour le compte de l’inventeur et c’est probablement pour cette raison
que Thuret a été amené à faire à faire cette approche indirecte à l’occasion
d’une visite, qu’il lui avait faite pour prendre le thé. (Chapelain lui avait
dit : Je suis le responsable pour le nouveau brevet pris par Huygens, Thuret
lui répondit : dans ces conditions, demandez lui de bien vouloir envisager
de m’en confier la fabrication. Deux semaines plus tard Huygens avait donné
une suite favorable à sa requête.
●
En
1666, Huygens est allé s’installer à Paris et selon toute vraisemblance, a
continué à employer Thuret. Quoi qu’il en soit, l’épisode suivant des Œuvres
Complètes, les impliquant tous les deux, concerne leur collaboration et la
controverse qui s’en suivit en 1675, à propos de l’invention du spiral réglant,
mais cette affaire est en dehors du sujet de cet article.
CONCLUSION
L’horloge
illustrée dans Horologium Oscillatorium a toujours été, sans aucune
contestation, attribuée à Isaac Thuret
(25
bien que personne alors, n’avait encore réalisé, qu’elle avait été produite
à une date si ancienne. Il n’y a aucune raison de revenir sur cette attribution.
Bien au contraire, Huygens avait parfaitement eu l’occasion de rencontrer
Thuret à Paris à l’automne de 1655. Huygens est personnellement impliqué dans
la fabrication de l’une des horloges à pendule qui ont subsisté jusqu’à nos
jours et les deux exemplaires qui ont été décrits ci dessus, paraissent aussi
anciens, si non plus, que celles de Salomon Coster. Pour être parfaitement
honnête, il est possible de se demander, les raisons pour quelles, ces horloges
auraient pu avoir été copiées sur la représentation qui en avait été faite,
publiée dans Horologium Oscillatorium, plutôt que l’inverse. Cependant, l’horloge
représentée sur la gravure, comme les recherches conduites par Huygens au
début de l’année 1657, révèlent le travail d’un horloger et la recherche de
quelqu’un d’autre aurait été faite en pure perte. Selon toute vraisemblances,
Thuret initialement, n’avait pas l’autorisation de fabriquer ces horloges,
pour quiconque autre que Huygens et à l’époque où cette interdiction a été
levée, leur forme avait évolué considérablement, par rapport au dessin de
l’horloge originale. Le dernier problème concerne le fait que le nom de Thuret,
n’apparaît dans les Œuvres Complètes, que sept ans après sa toute première
visite de Huygens à Paris. Selon toute probabilité, Huygens a tout fait pour
conserver secret le nom de Thuret, comme sa contribution à sa découverte.
Cependant, il est très important de distinguer les limites entre les Œuvres
Complètes de Huygens, prise dans leur ensemble, et ce qui subsiste de sa correspondance.
Ceci est un exemple caractéristique d’un cas, où l’absence de preuves, ne
constitue pas par lui même, une preuve d’absence. Comme c’est souvent le cas,
il n’est pas connu, comment Huygens a compilé, et par la suite publié, sa
propre correspondance. Il est certain qu’elle est loin d’être complète. Où
se trouve entre autre la partie commerciale de cette correspondance ? A-t-il
par la suite pour la postérité, volontairement retranché de cette correspondance,
ce qui pouvait prêter à contentieux ou lui être défavorable ?
En dehors de son goût légendaire pour le secret, un autre aspect des méthodes
de Huyghens, permet de comprendre le changement dynamique de ses rapports,
tant avec son invention, qu’à l’égard de Thuret, c’est la rapidité avec laquelle
il a progressé à travers ses projets successifs. Cette progression doit considérée
dans le cadre de ses nombreuses recherches scientifiques. Bien naturellement,
dans le domaine de l’horlogerie, sa priorité majeure, était d’éliminer toutes
irrégularités et cela impliquait entre autre, qu’il devait commencer avec
des horloges à poids. Au début de 1657, alors qu’il se préparait à franchiser
différents models d’horloges plus ou moins précises, à usage domestique, il
travaillait déjà certainement en secret, à une horloge marine à ressort, telle
que celle mentionnée plus haut, dans une lettre, qui lui avait été adressée
par Mylon. Huygens était manifestement convaincu de pouvoir résoudre le problème
posé par l’usage d’un pendule en mer, peut-être envisageait-il d’employer
une boîte avec suspension à cardan. Pour les chronomètres de marine, sa préférence
allait aux barillets dentés, sans fusée. Bien qu’il vantait la capacité de
son pendule isochrone pour compenser les variations de la force motrice des
barillets dentés, sa raison principale pour supprimer la fusée, était le manque
de tension du ressort, pendant le remontage. Il se rendit compte cependant,
que ses courbes isochrones, si elles remplissaient parfaitement leur office,
quant elles étaient utilisées sur une horloge murale, modifiaient la longueur
du pendule, dès que l’horloge n’était plus parfaitement verticale. Ceci l’amena
vers la fin de 1657 ou au début de 1658, à développer son horloge à pendule
battant la demie seconde, avec une amplitude avec un engrenage OP. Ce type
d’engrenage permet d’éviter d’utiliser des courbes cycloïdales pour limiter
l’amplitude des arcs du pendule. Cette seconde horloge devait dans ces conditions,
avoir été développée avec pour objectif un usage en mer. De nouveau, Huygens
commença les essais de ce nouveau type d’horloges horloges, dans une version
avec des poids pour force motrice, et il est probable qu’il se rendit compte,
que ses performances étaient insuffisantes pour un usage en mer Il réalisa
probablement alors, que pour les horloges marines une nouvelle approche du
problème devait être envisagée pour atteindre ses objectifs.
●
En novembre
1659, Huygens développa une horloge à pendule conique,
()
qu’il utilisa dans le but de définir de nouvelles valeurs pour la constance
de l’accélération gravitationnelle. L’horloger qui a construit ces nouvelles
horloges n’est pas connu, mais il est absolument certains, que ces horloges
à pendule conique, ont existé
(26
L’absence de toute information les concernant dans Les Œuvres Complètes, démontre
une fois encore, que ce document ne peut pas être considéré comme exhaustif.
Compte tenu de son emploi du temps particulièrement chargé, comme des fréquents
changements qu’il a été contraint d’y apporter, il est tout à fait possible
que Huygens ait été contraint de renoncer provisoirement à un horloger aussi
éloigné de son domicile dès le début des années 1660, si ce n’est déjà un
peu avant. L’absence du nom de Thuret dans les papiers de Huygens, est sans
aucun doute principalement dû au fait que Huygens n’avait aucun intérêt, à
associer le constructeur, à la renommée que lui assurait son invention. Au
moins deux horloges de Thuret ont été privées pendant 350 ans, de toute reconnaissance.
Ce sont les sœurs de sa première horloge à pendule et les exemplaires les
plus anciens, qui ont subsistés, illustrant sa théorie complète sur l’horloge
à pendule. En cette qualité, elles comportent les éléments déterminants, d’une
prodigieuse et immortelle révolution scientifique.
REMERCIEMENTS
Nous souhaitons exprimer toute notre gratitude à Andrew Crisford, qui
nous a permis de consulter dans sa bibliothèque, les œuvres de Benjamin Martin,
où nous avons trouvé les preuves concluantes de ce que nous avançons.
March 2009, Copyright:
LIENS
Chr.
Huygens' Œuvres Complètes. (pdf)
Chr. Huygens Horologium 1658. (pdf)
The
Antiquarian Horological Society.
(This article is subject to ongoing revisions.)
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