By: Jean-Claude Sabrier.
LES
MONTRES
De Pierre Le Roy.
Pierre Le Roy (Paris1717–Vitry1785)
Table of Contents.
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Le principe de la construction des montres de poche de grande précision,
à l’usage des astronomes et des marins, a été exprimée pour la première
fois par Pierre Le Roy, dans un article séparé du Mémoire sur la
meilleure manière de mesurer le temps en mer, publié en 1770#1 .
Je crois devoir ajouter ici un mot sur les montres de poche qui
pourraient accompagner la Montre marine: elles ne peuvent jamais être
aussi parfaites, vu leur peu de volume, qui ne permettrait pas d’y
employer toutes les ressources que nous avons mises en oeuvre dans notre
montre, pour la diminution du frottement etc.
Je crois cependant, qu’on pourrait les rendre plus exactes:
1) en donnant aux vibrations du balancier un isochronisme plus parfait
par la méthode expliquée (art. III, part.2).
2) en y compensant les effets de la chaleur et du froid par un expédient
semblable à celui dont Mr. Harrison a fait usage dans son garde-temps.
3) en y appliquant un échappement à repos où les frottements fussent
beaucoup moindres qu’ils ne le sont sur le cylindre, etc. Je ne propose
point ici l’échappement à détente, parce qu’une montre me parait trop
petite pour pouvoir y employer facilement ce méchanisme. Celui de M.
Sully, dont la roue est perpendiculaire aux platines, étant
perfectionné, me paraîtrait le plus propre à procurer cette diminution
de frottement.
J’ai exécuté plusieurs montres dans cette dernière vue. Pour cette
effet, j’ai donné à la roue de rencontre, une grandeur telle qu’elle va
jusqu’au cadran d’une part,, et de l’autre près du spiral. J’ai aussi
donné à ses dents la forme de rayons pour que cette roue fut fort
légère; et moyennant quelques autres corrections, je crois qu’on
pourrait démontrer, vu la diminution du frottement qui résulte de ce que
le repos de la roue peut se faire très près de l’axe du balancier, que
cet échappement est le plus parfait de tous.
La montre la plus ancienne, munie de cet échappement, semble être celle
qui a été vendue par Antiquorum#2. Il s’agit certainement d’une pièce
expérimentale, car son mouvement squelette est le seul de l’oeuvre de
Pierre Le Roy, qui ne soit pas numéroté. Il a certainement été conçu
spécialement pour pouvoir observer à loisir, les fonctions de
l’échappement à repos frottants, dérivé de celui de Sully et de
démontrer ses avantages par rapport à celui à cylindre. Il permet en
particulier, d’observer que la roue d’échappement à tendance à soulever
le balancier, soulageant ainsi d’une partie de son poids, le pivot
inférieur, qui tourne sur sa pointe.
Si l’on excepte cette montre, qui était dépourvue de compensation des
effets de la température, c’est à la demande de Monseigneur le Duc de
Penthièvre, Grand Amiral de France, que la toute première montre de ce
type, a été exécutée. C’est apparemment la seule qui ait été soumise au
jugement de l’Académie Royale des Sciences.
Dans le texte: Objet du mémoire sur ma petite montre de marins#3, Pierre
Le Roy reprend intégralement les arguments déjà avancés dès 1768, dans
son Mémoire sur la meilleure manière de mesurer le temps en mer, mais
s’étend plus longuement sur les raisons qui l’ont conduit à concevoir de
telles montres.
C’est d’abord un objet d’économie considérable en ce qu’il ne faudra
plus sur les grands vaisseaux de montres marines, les montres de chaque
officier en tenant lieu. La quantité des ces montres sur ces vaisseaux
se serviront de preuves réciproques, chaque possesseur d’une semblable
montre sera beaucoup plus à portée de s’assurer de son degré de justesse
de sa marche par les différentes températures. De plus,moyennant cette
économie, elles deviendront d’un usage général pour la marine marchande,
puisque n’ayant guère de personnes à présent qui ne possèdent une
montre, les capitaines pilotes ou officiers des vaisseaux, pourront s’en
munir, d’autant plus qu’elles ne leur coûteront guère plus qu’un bonne
montre à secondes ordinaire. Elles serviront de Loc - on connait assez
tous les avantages des montres à secondes, mais la principale sans doute
est de connaître bien plus vite leur marche, car par le moyen de
l’aiguilles des secondes, on peut connaître cette marche 60 fois plus
vite que par celles qui n’ont que les minutes. Elles seront d’un usage
encore infiniment plus général par la facilité de leur transport, non
seulement des villes principales où elles seront exécutées, mais dans
les différents ports, puisqu’il ne s’agira que de les mettre dans la
poche, sans crainte qu’il leur arrive aucun accident, ce qu’on ne peut
pas dire des autres, et du vaisseau, dans les différents observatoires,
dans les différentes relâches. J’avoue que je n’aurais pas volontiers
sacrifié le transport des montres marines qui m’ont mérité l’honneur
d’être couronné par l’académie, à d’autres qu’à moi, et c’est
principalement pour cette raison, que je les ai accompagnées, tant dans
l’épreuve que Monsieur le Marquis de Courtenveaux m’a fait l’honneur
d’en faire, que dans celles qui ont été faites par ordre du Roi en
Amérique, en Afrique, à Cadix etc. A l’égard des nouvelles montres, il
est clair que le soin de les transporter, pourrait être confié à toute
personne un peu soigneuse etc. - d’autant plus qu’il y a une infinité de
cas où une montre à secondes est des plus nécessaire aux marins, soit
pour estimer la vitesse du sillage par le loc, la distance d’un port
d’où l’on tire le canon. J’en avais une de cette espèce qui nous a été
fort utile dans notre aterrage à Saint Pierre. D’ailleurs, en supposant
que les instruments se perfectionnent assez pour qu’on puisse tirer
partie des tables de la lune pour les longitudes, il parait qu’on ne le
pourra guère sans une excellente montre à secondes, c’est à quoi servira
merveilleusement celles que nous avons l’honneur de présenter, moins
volumineuse, par conséquent moins embarrassante dans un vaisseau quelque
petit qu’on le suppose.
C’est également dans ce texte, qu’il donne le plus de détails, sur les
principes et la construction de la première montre de ce type. Ces
informations sont reprises et surtout mises en ordre dans le Mémoire sur
une Nouvelle montre à l’usage des Astronomes et des Marins#, lu à
l’Académie le 3 Juillet 1771.
Je la nomme montre de marins et non montre marine, parce qu’elle tient
lieu de montre de poche ordinaire.
Lorsqu’on voudra s’en servir en mer, on la mettra sur sa suspension,
semblable à peu près à celle dont je me sers pour les montres marines,
comme alors elle gardera toujours sa même position, elle conservera une
justesse d’autant plus grande, que cette position est la plus
avantageuse.
En effet, quand la montre est à plat, le balancier porte sur l’extrémité
des son pivot, où le frottement est beaucoup moindre que quand il
s’appuye le long de ces mêmes pivots, d’ailleurs j’ai disposé
l’échappement de manière, que dans cette position, l’effort de la roue
de rencontre, soulage le poids du balancier.
Cet arrangement, joint à l’isochronisme procuré aux vibrations du
régulateur par la méthode exposé dans mon mémoire, de plus une
diminution considérable des frottements, dans le mouvement des secondes,
qui se fait sur une tige fort menue, et dans l’échappement, le même dont
je parle dans mon appendice, ne peuvent, sans doute, que contribuer à
rendre la nouvelle montre beaucoup plus régulière que les autres, mais
une propriété nouvelle par laquelle elle l’emporte de beaucoup, c’est sa
compensation des effets de la chaleur et du froid.
J’ai indiqué dans mon appendice celle de M. Harrison; ce qui était
facile à pratiquer dans le garde-temps de l’artiste anglais, ne l’était
point du tout dans une montre de poche; surtout si l’on considère qu’il
faut, dans ce qui détermine la longueur du ressort réglant, une solidité
qui ne paraissait pas pouvoir s’accorder avec des lames de métal mince
et étroites, telles que le volume d’une montre semblait permettre de les
employer. D’ailleurs, ces lames ne pouvant être que fort courtes,
comment en rendre l’effet assez grand sur le ressort spiral. J’y suis
parvenu:
1) en faisant agir ces lames, non sur le ressort immédiatement, comme
dans le garde temps, mais au moyen d’un levier, qui en rend l’effet cinq
fois plus sensible.
2) en disposant les roues de manière qu’elles laissent un espace
suffisant pour loger le thermomètre, c’est à dire ces lames. Par ce
moyen, sa longueur est presque égale au diamètre de la montre et il a
pour hauteur, presque celle de la cage; il en résulte dans cette partie,
une solidité qu’elle n’eut jamais pu avoir, sans cette disposition.
Par cet arrangement, le thermomètre acquiert encore une propriété très
importante et très désirée dans celui de M. Harrison, c’est de fournir
un moyen simple, d’en augmenter ou diminuer les effets à volonté,
propriété qui naît d’une vis, par laquelle on approche plus au moins les
lames métalliques du centre du levier.
Tels sont les avantages que je crois rassemblés dans la construction de
la nouvelle montre. Nous touchons au moment où les tables de la lune
nous fourniront des moyens surs, pour la détermination des longitudes en
mer. De quelles utilité ne seront point alors, les montres de l’ espèce
de celles que nous annonçons, pour conserver l’heure entre les
observations. Surtout, si l’on considère la facilité de leur transport,
leur peu de volume, la quantité qui pourra s’en trouver dans chaque
vaisseau et qui se serviront de preuves réciproques, la facilité avec
laquelle chaque marin pourra s’en pourvoir et en faire de épreuves,
enfin les usages sans nombre d’une montre à secondes en mer.
Cette première montre, qui n’a malheureusement pas encore été retrouvée,
est relativement bien connue grâce aux très beaux dessins, qui
accompagnent ce mémoire.
Les résultats médiocres, obtenus par cette montre au cours des épreuves,
qui ont ont été conduites du 21 juillet au 1er août 1771, à la demande
de l’Académie Royle des Sciences, par Messieurs Le Monnier et de
Montigny et dont ils ont rendu compte à cette assemblée le 6 septembre
1771, on entraîné une vive réaction de Pierre Le Roy, qui dans une
lettre de protestation en date du 16 Novembre 1771#, conteste les
chiffres avancés par les deux commissaires, expliquant que l’erreur de
13 minute qu’il ont constatée, alors que la différence réelle n’était
que de 1 minute, provenait de la confusion, de la part des commissaires,
entre l’aiguille du temps moyen et celle du temps vrai, sur le
régulateur qui a servi au contrôle de sa montre. Il précise dans cette
lettre qu’il a montré à son frère (Jean-Baptiste Le Roy, membre de
l’Académie Royale des Sciences), que l’écart des deux aiguilles de son
régulateur, était bien de 12 minutes, qui ajoutées à la minute constatée
par lui même, faisaient bien les 13 minutes d’erreur, dont les
commissaires font état dans leur rapport.
Selon un Extrait des Registres de l’Académie Royale des Sciences signé
Defouchy, en date du 10 mai 1773 et concernant le rapport des
Commissaires, il ne semble pas que cette lettre, ait été lue devant
l’assemblée des académiciens, conformément aux voeux exprimés par Pierre
Le Roy.
Par ailleurs, cette montre a été éprouvée en mer avec les horloges
marines “A” et “S”, à bord de la Frégate La Flore, par le Chevalier de
Borda de l’Académie Royale des Sciences, Lieutenant des Vaisseaux du Roi
et le Chanoine Pingré de l’Académie Royale des Sciences et de celle de
la Marine, Chancelier de Sainte Geneviève et de l’Université de Paris,
Astronome Géographe de la Marine, au cours du Voyage de Verdun de la
Crenne, en 1771-1772#. On peut lire à propos de cette montre, dans le
compte rendu de ce voyage:
Nous dirons peu de chose de la Montre de M. Le Roy, désignée sous le nom
de “petite ronde”, ce n’était qu’un essai sans conséquences, ainsi que
M. Le Roy nous l’avait déclaré par écrit. Depuis le 6 Octobre 1771,
jusqu’au 12 Janvier 1772, le mouvement de cette montre s’est toujours
accéléré avec une espèce de régularité. Du 6 au 26 Octobre, cette montre
retardait à Brest de près d’une seconde par jour sur le temps moyen; à
Cadix, du 21 au 30 Novembre, elle avançait au contraire de 5 secondes;
son avancement journalier à Sainte Croix de Ténériffe, était de 10’’
30’’’ vers la fin de Décembre. Par la comparaison que nous faisons tous
les jours de la marche de cette montre, avec celle de la montre No. 8#,
il parait que la progression de cette accélération était assez uniforme;
nous n’y avons pas remarqué d’irrégularité bien sensible. Nous aurions
pu faire quelque usage de cette montre, mais les résultats auraient
toujours été susceptibles de quelque doute. Lorsque nous nous disposions
à remonter cette montre le 13 Janvier, nous la trouvâmes arrêtée; nous
nous assurâmes qu’elle avait été remontée la veille. Elle ne conserva
que jusqu’au 20 du même mois, le mouvement que nous lui restituâmes.
Nous étions alors mouillés en rade de Gorée; ce ne fut donc point par
les mouvements violents et irréguliers des flots de la mer, qu’elle
perdit son mouvement. Remise en mouvement le 24, elle arrêta le 26;
enfin elle ne conserva que durant quelques heures, le mouvement que nous
lui rendîmes le 28. Nous cessâmes pour lors de la remonter. Un mois
après, nous fîmes encore quelques tentatives infructueuses pour la
remettre en mouvement; nous n’y réussissions que pour quelques heures;
le jour suivant, lorsque nous nous présentions pour la remonter, nous la
trouvions arrêtée.
C’est pour la distinguer des deux autres montres marines de Pierre Le
Roy, que cette montre, au cour de ce voyage, avait été baptisée: Petite
Ronde par Borda et Pingré:
..... l’épithète de “petite ronde”, que nous donnâmes à la troisième, à
cause de sa petitesse et de la forme de la boîte qui la renfermait#.
Pendant ces épreuves, la montre s’étant arrêtée à plusieurs reprises,
Pierre le Roy n’a pas attendu que les résultats des épreuves soient
publiés en 1778, pour modifier sensiblement dès 1772, la construction de
ses montres à l’usage des Astronomes et des Marins.
Ces modifications ont fait l’objet de la Suite d’un mémoire sur une
Nouvelle montre à l’usage des Astronomes et des Marins#. Dans ce texte,
Pierre Le Roy présente les caractéristiques techniques de cette nouvelle
montre, qu’il compare à celles de la montre de 1771.
Premièrement la montres de 1771, n’avait point de fusée, celle-ci en a
une, et j’y ai employé la mécanique décrite dans le mémoire de Monsieur
Harrison, pour que la montre aille en la remontant.
En second lieu, je n’avait trouvé d’autre moyen en 1771, pour donner à
la lame composée, ou thermomètre de M. Harrison, la solidité et la
largeur requise, que de mettre cette lame dans la cage, et c’était ce
qui m’avait porté à supprimer la fusée, pour pouvoir trouver dans cette
cage, une place suffisante, dans la présente montre, J’ai placé le
thermomètre sur la platine du balancier, parallellement à cette platine.
Par cet arrangement, ce thermomètre devient aussi fort, aussi solide
qu’on peut le désirer, et l’on conserve la fusée.
Troisièmement, dans la montre de M. Harrison, et même dans toutes les
montres de l’Angleterre faites avec soin, les pivots du régulateur et
des dernières roues, tournent dans des rubis percés, nous n’avons point
en France l’art d’exécuter de semblables rubis, les pivots dans nos
montres, tournent dans des trous de cuivre, où se forme du vert de gris,
par l’huile qu’on est obligé d’y mettre pour diminuer le frottement,
d’où résulte une espèce de sédiment tenace , qui augmente la résistance
de ce frottement et en rend la quantité variable. J’ai suppléé aux rubis
percés par des trous percés dans des petites pièces d’acier fondu,
trempées de de toute leur dureté, et par une méthode particulière, je
suis parvenu à donner à ces trous, la solidité et la forme désirable.
Quatrièmement, l’inconvénient que je viens de remarquer dans les trous
de cuivre, a aussi lieu à l’égard du frottement de la roue de rencontre
de cuivre sur les de l’échappement, j’y ai obvié de même, en faisant la
roue de rencontre d’acier fondu trempé, ce que M. Harrison avait déjà
pratiqué. La forme des dents de ma roue de rencontre, rend cet avantage
très facile à obtenir.
Enfin, j’ai disposé l’échappement de manière que la montre étant dans sa
position horizontale, l’effet de la roue de rencontre, soulage le poids
du balancier sur l’extrémité de son pivot.
Une montre répondant exactement à cette description, est conservée en
parfait état au Musée Beyer de la Mesure du Temps, à Zurich. Un
mouvement seul, par ailleurs, signé: Julien Le Roy à Paris, Invenit et
fecit, No. 4732, a été vendu par Antiquorum# .
Cette nouvelle construction ne semble pas avoir été soumise au jugement
de l’Académie, et les montres de ce type, n’ont apparemment jamais été
éprouvées officiellement, ni soumises à des épreuves en mer. Elles ne
lui avaient sans doute pas apporté toutes les satisfactions qu’il en
attendait.
Une montre expérimentale cependant, construite sur les même plans, a été
dotée par Pierre Le Roy, d’un échappement à ancre. Cette montre, signée
Julien Le Roy à Paris -Invenit et Fecit, No. 4757, a été réalisée vers
1775. Considérée comme la première montre à ancre produite en France, et
la deuxième au monde après celle de Thomas Mudge, son mouvement, vendu
par Antiquorum#, a fait l’objet d’un grand nombre de publications#.
L’échappement, à ancre latérale est de construction massive, les levées
de l’ancre, constituées par de petits galets, sont équilibrées par un
contre-poids .
Pierre Le Roy semble avoir renoncé par la suite à réaliser des montres
marines de dimensions aussi réduites, et décidé de réserver
exclusivement ses nouvelles montres de poche, à des observations sur
terre ou à bord des navires, en complément de l’horloge marine
proprement dite. Il reprend donc certaines des idées énoncées dans le
texte: Objet du mémoire sur ma petite montre de marins;
Monseigneur le Duc de Penthièvre ayant ajouté qu’il voulait que cette
montre pu soutenir les diverses secousses d’un carosse, d’une chaise de
poste, etc. Je sentis bien que la montre marine, telle qu’elle avait été
soumise au concours, ne pouvait remplir entièrement ses vues et que rien
ne pouvait mieux y répondre, qu’une montre de poche perfectionnée, car
dans un carosse, une chaise, etc., le gousset d’un homme assis mollement
et qui machinalement prévient les plus grandes secousses, parait être la
meilleure suspension, que puisse en ce cas avoir une montre. Persuadé de
cette vérité, je construisis celle que j’ai l’honneur de présenter. Je
la nomme montre de marin et non
montre marine, parce qu’elle tient lieu
de montre de poche ordinaire.
Ces montres étant destinées à être portées exclusivement dans la poche
en position verticale, il renonce en conséquence, à les placer sur une
suspension, même pour les utiliser à bord des bâtiments:
Mettant au contraire à profit les avantages de l’échappement à repos
frottants de type Sully, dans lequel l’effort de la roue tend à soulever
le poids du balancier et à diminuer le frottement sur l’extrémité du
pivot qui le porte, ce qui n’a pas lieu dans les autres montres, ainsi
qu’il l’explique à diverses reprises, il dispose cet échappement avec le
balancier perpendiculaire aux platines, donc en position horizontale
lorsque la montre est portée verticalement dans la poche. Le balancier
est donc soulevé par la roue d’échappement, ce qui soulage le pivot du
bas, qui par ailleurs tourne sur sa pointe, ce qui réduit
considérablement les frottements.
Les avantages de cette construction pour les montres de poche, avaient
déjà été mis en évidence par Sully lui même, dans son ouvrage: Règle
artificielle du temps# et mis en application par Verlinden avec un
échappement à repos frottants du type Sully, dans une montre, produite
vers 1770-1775#.
Ces nouvelles montres étaient dotées par Pierre Le Roy, d’un cadran sur
chaque face, l’un pour les heures et les minutes, l’autre pour les
secondes. Cette construction avait déjà été envisagée dans le texte:
Objet du mémoire sur ma petite montre de marins;
A l’égard du frottement, je l’ai fort diminué dans les secondes par ma
méthode différente des autres. On pourra par occasion faire
l’énumération des moyens de marquer les secondes et citer mon mémoire lu
à l’académie en 1764 et sur une nouvelle manière de faire marquer les
secondes, et sur mes montres à double cadran.
Seule une montre de cette construction a été retrouvée. Il s’agit d’un
mouvement, remis à neuf par H. Laresche en 1804. Il a été doté d’une
nouvelle boîte et de deux cadrans neufs, l’un, pour les heures et les
minutes, portant l’inscription: H. Laresche Renovavit, Paris 1804,
l’autre, pour les secondes, avec la signature: Julien Le Roy invenit,
Paris 1772, information sans doute recopiées par Laresche sur la bâte de
métal doré supportant l’un des cadrans d’origine.
Avec la fusée dotée d’un ressort auxiliaire pour le remontage,
l’échappement disposé de manière à ce que le balancier soit en position
horizontale, lorsque la montre est portée verticalement dans la poche,
les trous de pivots et la roue d’échappement en acier trenpé, les
contre-pivots du balancier en rubis, et le dispositif de compensation
des effets de la température, réglable et disposé sur la platine
arrière, cette montre est représentative de l’ultime développement des
montres à usage des astronomes et de marins.
Ce mouvement comporte en effet l’ensemble des dispositifs prévus par
Pierre Le Roy pour ses montres de poche de précision. Moyens définis,
dans l’Objet du mémoire sur ma petite montre de marins, texte mis en
ordre pour la rédaction du Mémoire sur une Nouvelle montre à l’usage des
Astronomes et des Marins, lu devant l’assemblée de l’Académie Royale des
Sciences, lors de la présentation de la première montre de ce type.
Tenant compte par ailleurs des observations de Messieurs Le Monnier et
De Montigny, dans leur Rapport de la montre marine présentée à
l’Académie par M. Le Roy, des perfectionnements apportés à ces montres,
tels qu’ils ont été définis dans la Suite d’un mémoire sur une Nouvelle
montre à l’usage des Astronomes et des Marins, ont également été mis en
oeuvre pour la construction de cette nouvelle montre. Enfin, c’est la
seule connue avec deux cadrans, l’un pour les heures et les minutes,
l’autre pour les secondes, et dont l’échappement est disposé de manière
à mettre à profit les propriétés spécifiques de l’échappement utilisé,
lorsque la montre et portée verticalement dans la poche; la roue a
tendance à soulever le balancier, soulageant ainsi d’une partie du poids
qu’il doit supporter, le pivot inférieur, qui tourne sur sa pointe.
C’est enfin la seule montre à l’usage des Astronomes et des Marins, que
Pierre Le Roy à renoncé à mettre en position horizontale dans une
suspension, pour être utilisée en mer comme montre à longitude,
réservant son usage aux multiples observations nécessaires à la
navigation, telles que les opérations du loch, pour déterminer la
vitesse du bâtiment, le transport de l’heure à bord et en particulier,
depuis l’horloge marine jusqu’à la passerelle de l’officier responsable
de faire le point. C’est en fait l’ancêtre des montres de pont, dites
montres de torpilleur, utilisée d’une manière courante dans la
navigation moderne.
Deux montres plus tardives, sont également dotées de l’échappement de
Pierre Le Roy, dérivé de celui de Sully, mais elles ne comportent aucune
compensation des effets de la température, et ne peuvent donc en aucun
cas être considérées comme montres de précision. L’une d’elles, vendue
par Antiquorum#, est signée Julien Le Roy No. 4934, vers 1777, avec le
coq monogrammé “J.L.R.”, adopté par Pierre en 1759, pour toutes les
montres produites après la mort de son père, l’autre, presque identique,
est signée Louis Morin à Paris, No. 246. le chef d’atelier de Pierre Le
Roy, ainsi qu’il le précise lui même, au moment de son voyage avec
Courtanveau, Pingré et Messier, à bord de la frégatte L’ Aurore, il
écrivait en effet à son sujet en 1778 dans son Exposé succinct des
travaux de MM. Harrison et Le Roy..., page 13:
Le Havre, était le port assigné pour l’embarquement. Je partis pour
cette ville avec deux montres marines le 5 mai 1767, laissant le soin de
mon laboratoire et de mes affaires à M. Morin qui, par une habileté
rare, par des sentiments qui ne se trouvent guère plus communément et
par vingt années d’assiduité, tant sous mon père, que sous mois, s’est
acquis de ma part, la confiance la plus entière et la mieux méritée.
A l’exception de cette dernière, toutes les montres décrites ci-dessus
sont signées: Julien Le Roy à Paris, comme d’ailleurs, toutes les
oeuvres connues de Pierre Le Roy, qui semble n’avoir jamais signé de son
propre nom. De même, dans le rapport à l’académie de 1771, Messieurs Le
Monier et De Montigny, parlent:d’une nouvelle montre, proposée pour
l’usage des astronomes et de la marine et exécutée par M. Julien Le Roy.
Cette erreur d’attribution est corrigée dans l’Extrait des Registres de
l’Académie Royales des Sciences, signé par par Monsieur Defouchy le 10
Mai 1773, où il est bien question de la montre de M. Le Roy l’Aîné,
horloger de Sa Majesté, dénomination adoptée par l’Académie Royale des
Sciences, afin de distinguer Pierre le Roy, de son plus jeune frère Jean
Baptiste Le Roy, qui était membre de l’académie et de son oncle Pierre
Le Roy, frère de son père.
En effet, Pierre Le Roy, ayant fait son apprentissage et effectué toute
sa carrière dans l'atelier familial, en prit la direction à la mort de
son père, en 1759. Non seulement il conserva la même signature, mais il
semble qu'il fut surtout connu dans les affaires sous le nom de son
père: Julien le Roy. Ainsi le 14 Octobre 1775, pendant son séjour à
Paris, un anglais, le Docteur Johnson, écrivait dans son journal: Then
we went to Julien Le Roy, the King's watchmaker, a man of character in
his business, who showed a small clock to find the longitude - A decent
man. A cette époque, Julien Le Roy, était mort depuis seize ans, il ne
pouvait donc s'agir que de Pierre. Une fois encore, cette confusion
révèle bien que Pierre dans ses affaires, utilisait le nom de son père#
.
Il est intéressant de mentionner, en conclusion de cette étude sur les
montres de Pierre Le Roy, une grosse montre d’argent tout à fait
exceptionnelle, conservée au Musée National des Techniques (C.N.A.M.) à
Paris. La boîte de cette montre, signée: Les Frères Goyffon à Paris No.
837, porte les poinçons de Paris pour l’année 1775-1776, elle a donc été
produite alors que Pierre Le Roy était encore en activité. C’est la
seule oeuvre connue, dont le mouvement comporte non seulement, une
compensation thermique, presque identique à celles des montres de poche
de précision de Pierre Le Roy, mais encore un échappement tout à fait
semblable à celui de son horloge marine, conservée au Musée National des
Techniques du Conservatoire National des Arts et Métiers. Rien ne permet
encore aujourd’hui, de connaître la nature des relations entre les
Frères Goyffon et Pierre Le Roy, mais il est certain que les Frères
Goyffon, qui dirigèrent l’Ecole d’Horlogerie de Bourg en Bresse, on
travaillé avec le célèbre horloger. Une montres, récemment retrouvée,
portant leur signature, est dotée de la fusée renversée, invention de
Jean-Baptiste Le Roy, l’académicien, que Pierre Le Roy a pratiquement
été le seul à employer, et un coq monogrammé à la manière de celles de
son atelier, produites après la disparition du célèbre Julien Le Roy.
Une prochaine découverte, permettra peut-être d’éclaircir ce mystère.
En marge de cette étude il est important d’examiner ici et de répondre
aux arguments avancés récemment par deux éminents spécialistes de Pierre
Le Roy, pour contester l’authenticité de l’ échappement à ancre de la
montre No. 4757.
Depuis sa découverte, il y a près de 40 ans, au Marché aux Puces de
Paris, où il a été acheté pour quelques Francs seulement, ce mouvement
n’a subit d’autres transformations que la compensation thermique “à
gril” de type Harrison, réalisée par George Daniels pour le compte de
Cecil Clutton. La “Petite Ronde” n’ayant pas encore été découverte,
George Daniels n’avait pu prendre pour modèle le dispositif de
compensation, tel qu’il avait été inventé par Pierre Le Roy.
Leur raisonnement s’appuie essentiellement sur la mauvaise qualité de la
main d’oeuvre et surtout sur la chronologie des différents mouvements de
type “petite ronde” retrouvés depuis cette époque et dont la date de
production a pu être établie grâce aux écrits de Pierre Le Roy, aux
poinçons de contrôle relevés sur les boîtes ou au numéro de mouvement.
Ils partent de l’hypothèse, que l’inscription “Invenit et Fecit”, gravée
sur la platine arrière ou la bâte en métal doré du mouvement des montres
No. 4732 et 4757, de la “Petite Ronde” et de la montre à deux cadrans,
concerne tout à la fois l’échappement à repos frottants, dérivé de celui
de Sully et la compensation des effets de la température, alors que
trois autres montres de Pierre Le Roy, deux avec l’échappement à repos
frottant dérivé de celui de Sully (la montre squelette sans numéro et la
montre No. 4934), et la montre, No. 3449 avec échappement à double roue,
toutes trois dépourvues de la compensation thermique, ne sont pas non
plus gravées de l’inscription “Invenit et Fecit”. alors que sans
exception, toutes les montres de Julien Le Roy, dotées, soit de
l’invention de 1740, soit des inventions de 1740 et 1755, sont gravées
des inscriptions correspondantes. Il est donc légitime de penser, que de
la même manière, l’inscription sur les montres de Pierre Le Roy, ne
concerne que la compensation thermique, ce qui est confirmé par le fait
que la date de 1772, recopiée sur le cadran de la montre rétablie par
Lareche, correspond bien à l’introduction de la compensation thermique
disposée sur la platine arrière. La compensation de la “Petite Ronde” en
effet, telle qu’elle est décrite et illustrée par Pierre Le Roy dans son
Mémoire sur une Nouvelle montre à l’usage des Astronomes et des Marins#,
lu à l’Académie le 3 Juillet 1771, était logée entre les deux platines.
L’inscription “Invenit et Fecit”, ne concerne donc pas l’échappement à
ancre de la montre No. 4757, mais son dispositif de compensation.
L’autre argument avancé à l’encontre de l’échappement à ancre de la
montre No. 4757, est sa qualité d’exécution jugée indignes de l’éminent
horloger. Sur ce dernier point, il est important de souligner que d’une
manière générale, Pierre Le Roy attachait plus d’importance aux
principes de fonctionnement qu’à la qualité d’exécution. Même sa célèbre
horloge marine, conservée an Musée National des Techniques (C.N.A.M. -
Paris), pourtant dotée, d’un échappement libre, d’un spiral isochrone et
d’un balancier compensé, principes, universellement reconnus aujourd’hui
comme les bases de la chronométrie moderne, lors du voyage de Monsieur
Verdun de la Crenne, n’a pas donné de résultats très supérieurs à ceux
des Horloges Marines No. 6 et 8 de Ferdinand Berthoud, pourtant toutes
deux dépourvues de ces mêmes principes essentiels, mais d’une qualité
d’exécution irréprochable. Par ailleurs, l’échappement à double roue de
la montres No. 3449 est loin d’avoir été exécuté avec le plus grand
soin.
Pour revenir à l’échappement contesté, il semble exclu qu’il puisse
avoir été monté à la place d’un échappement à repos frottant du type
Sully, la disposition respective du balancier, de l’ancre et de la roue
d’échappement, ne permettent manifestement pas d’utiliser les même trous
de pivotement. Par ailleurs, l’échappement de Sully, avait été doté par
Pierre Le Roy d’une roue d’échappement d’un si grand diamètre, qu’il
avait du entailler les deux platines du mouvement afin de permettre le
passage de l’extrémité de ses dents en forme de rayons, qui selon ses
propres termes, devaient aller jusqu’au cadran d’une part, et de l’autre
près du spiral. Les platines de la montre No. 4757, ne présentent aucune
trace de fentes ni de trous rebouchés. Il semble donc exclu, que
l’échappement à ancre, ait pu être construit postérieurement en
remplacement d’un échappement du type Sully/Le Roy. Il n’a en
conséquence pu être monté, que sur un blanc roulant de “Petite Ronde”,
encore vierge de tout échappement, soit par Pierre Le Roy lui même, soit
par un autre horloger, sur une ébauche retrouvée après la fermeture de
l’atelier, ce qui est peu probable. Il est permis au contraire de penser
Pierre Le Roy, compte tenu de sa position et de ses relations, ait pu
entendre parler de l’échappement à ancre de Mudge, sans pour autant
avoir eu l’occasion de l’étudier, et qu’il se soit déterminé à en
expérimenter un du même type. Il semble que cet échappement, pas plus
que celui à double roue de la montre No. 3449, ne lui ai apporté la
moindre satisfaction. Ils sont tous deux en effet restés à un stade
purement expérimental, et ne sont mentionnés par Pierre Le Roy ni dans
les différent ouvrages qu’il a publiés, ni même dans ses manuscrits
inédits, qui ont été retrouvés.
Notes
1 - Mémoire sur la meilleure manière de mesurer le temps en mer,
Appendice, pp. 59-60.
2 - Vente “L’Art de l’Horlogerie en France”, Genève 14 Novembre 1993,
Lot No.74 du catalogue.
3 - Manuscrit de Pierre Le Roy, conservé au Musée International
d’Horlogerie - La Chaux-de-Fonds, manuscrit No.623, p.147
4 - Archives de l’Académie des Sciences, Paris.
5 - Lettre conservée dans les archives de l’Académie des Sciences.
6 - Voyage fait par ordre du Roi en 1771 et 1772 en diverses parties de
l’Europe de l’Afrique et de l’Amérique, Paris 1778, p. 369.
7 - Horloge Marine de Ferdinand Berthoud, éprouvée en mer au cours du
même voyage.
8 - Voyage fait par ordre du Roi en 1771 et 1772 en diverses parties de
l’Europe de l’Afrique et de l’Amérique, Paris 1778, p. 366.
9 - Archives de l’Académie des Sciences.
10 - Vente “L’Art de l’Horlogerie en France”, Genève 14 Novembre 1993,
Lot No.75 du catalogue.
11 - Vente “L’Art de l’Horlogerie en France”, Genève 14 Novembre 1993,
Lot No.79 du catalogue.
12 - La première par Robert H. A. Miles, publiée par The Antiquarian
Horological society dans Pioneers of precision timekeeping, donne une
description compète du train de roues et analyse les fonctions de
l’échappement, cependant, cette montre est attribuée à Julien et de ce
fait, l’auteur estime l’époque de sa construction, avant la mort de
Julien Le Roy, survenue en 1759. Cette erreure a été corrigée par Cecil
Clutton dans son ouvrage: Collector’s Collection, à la suite des études
réalisées par Charles Allix et Giuseppe Brusa, publiée dans Antiquarian
Horology en Juin 1970 et Juin 1972. Ce mmouvement a été décrit plus
récemment par Norbert Eders dans son article sur Pierre Le Roy, publié
dans Uhren, No. 1 - 1986, Callwey Editions, and by A. Chapiro in
Histoire de l’échappement à ancre sur le continent européen
(A.N.C.A.H.A. Bulletin No. 45).
13 - Paris 1717, seconde édition par Julien Le Roy, Paris 1737.
14 - Article de Charles Allix, Sully, Verlinden et les autres...π,
Bulletin de l’A.N.C.A..H.A. No. 32, Automne-Hiver 1981.
15 - Vente “L’Art de l’Horlogerie en France”, Genève 14 Novembre 1993,
Lot No..76 du catalogue.
16 - Informations mises en évidence par Charles Allix et Giuseppe Brusa,
dans leurs articles publiés par Antiquarian Horology en Juin 1970 et
Juin 1972.
17 - Archives de l’Académie des Sciences, Paris.
Montres à l’usage
des Astronomes et des Marins
C’est d’abord un objet d’économie considérable en ce qu’il ne faudra
plus sur les grands vaisseaux de montres marines, les montres de chaque
officier en tenant lieu.
La quantité des ces montres sur ces vaisseaux se serviront des preuves
réciproques, chaque possesseur d’une semblable montre sera beaucoup plus
à portée de s’assurer de son degré de justesse de sa marche par les
différentes températures. De plus,moyennant cette économie, elles
deviendront d’un usage général pour la marine marchande, puisque n’ayant
guère de personnes à présent qui ne possèdent une montre, les capitaines
pilotes ou officiers des vaisseaux, pourront s’en munir, d’autant plus
qu’elles ne leur coûteront guère plus qu’un bonne montre à secondes
ordinaire. Elles serviront de Loc - on connait assez tous les avantages
des montres à secondes, mais la principale sans doute est de connaître
bien plus vite leur marche, car par le moyen de l’aiguilles des
secondes, on peut connaître cette marche 60 fois plus vite que par
celles qui n’ont que les minutes. Elles seront d’un usage encore
infiniment plus général par la facilité de leur transport, non seulement
des villes principales où elles seront exécutées, mais dans les
différents ports, puisqu’il ne s’agira que de les mettre dans la poche,
sans crainte qu’il leur arrive aucun accident, ce qu’on ne peut pas dire
des autres, et du vaisseau, dans les différents observatoires, dans les
différentes relâches. J’avoue que je n’aurais pas volontiers sacrifié le
transport des montres marines qui m’ont mérité l’honneur d’être couronné
par l’académie, à d’autres qu’à moi, et c’est principalement pour cette
raison, que je les ai accompagnées, tant dans l’épreuve que Monsieur le
Marquis de Courtenveaux m’a fait l’honneur d’en faire, que dans celles
qui ont été faites par ordre du Roi en Amérique, en Afrique, à Cadix
etc. A l’égard des nouvelles montres, il est clair que le soin de les
transporter, pourrait être confié à toute personne un peu soigneuse etc.
- d’autant plus qu’il y a une infinité de cas où une montre à secondes
est des plus nécessaire aux marins, soit pour estimer la vitesse du
sillage par le loc, la distance d’un port d’où l’on tire le canon. J’en
avais une de cette espèce qui nous a été fort utile dans notre aterrage
à Saint Pierre. D’ailleurs, en supposant que les instruments se
perfectionnent assez pour qu’on puisse tirer partie des tables de la
lune pour les longitudes, il parait qu’on ne le pourra guère sans une
excellente montre à secondes, c’est à quoi servira merveilleusement
celles que nous avons l’honneur de présenter, moins volumineuse, par
conséquent moins embarrassante dans un vaisseau quelque petit qu’on le
suppose.
La description de la montre, précédée des défauts qu’il fallait parer,
savoir les différentes positions, si les épreuves faites sur la montres
de Monsieur Harrison et ses variations, suffiraient pour montrer combien
il est essentiel d’obvier à cet inconvénient dans un vaisseau - il y
avait un homme occupé à remettre la montre de Monsieur Harrison dans sa
position quand le vaisseau allait de la bande.
Les frottements, comme je les ai réduits, surtout dans l’échappement, la
suspension toujours pour l’exactitude etc., le non isochronisme. J’ai
profité de la découverte que j’ai faite sur les lames élastiques et j’ai
par ce moyen rendu toutes les vibrations de mon régulateur isochrones. A
l’égard du frottement, je l’ai fort diminué dans les secondes par ma
méthode différente des autres. On pourra par occasion faire
l’énumération des moyens de marquer les secondes et citer mon mémoire lu
à l’académie en 1764 et sur une nouvelle manière de faire marquer les
secondes, et sur mes montres à double cadran. J’ai donc cru devoir
choisir une méthode toute différente.
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Note qui ne doit point entrer dans le mémoire lu à l’académie: il
n’est aucune personne qui se soit occupé de quelque recherche qui ne
sache combien de travaux celle ci a du entraîner et quel sacrifice
il a fallu lui faire. Je ne puis que m’en applaudir cependant,
puisqu’elle m’a valu l’honneur d’être couronné par l’académie et
celui de voyager avec Monsieur le Marquis de Courtenveau etc.
La compensation des effets de la chaleur et du froid: pour y
parvenir, je me suis servi de la méthode de Monsieur Harrison.
On a pu remarquer dans ce mémoire, que beaucoup d’expédients que j’y
expose, avaient déjà été annoncés dans celui qui contient la
description de ma montre marine et qui a été couronné par
l’académie, mais voici ce que j’ai dit etc.
J’ai l’honneur de parler devant des personnes qui connaissent toute
la distance qu’il y a d’une machine projetée à une machine exécutée.
En effet, la méthode de Monsieur Harrison, telle qu’il l’a mise en
oeuvre dans sa montre marine, n’est point du tout applicable aux
montres de poche. Outre que le volume de cette dernière ne
permettrait pas d’y adapter un thermomètre, il aurait été 5 ou 6
fois trop court etc. Ce thermomètre, posé comme l’a fait Monsieur
Harrison, eut nécessairement une hauteur considérable dans la
montre, sans quoi il n’eut jamais été assez solide.
J’ai donc pris une route toute différente. J’ai disposé les roues de
manière qu’elles me laissent un espace suffisant pour y placer le
thermomètre, qui par ce moyen à pour longueur presque tout le
diamètre de la montre et pour hauteur, une grande partie de celle de
la cage, ce qui donne une fermeté suffisante qu’il n’aurait jamais
pu avoir sans cette disposition. Ce thermomètre fait se mouvoir le
râteau, par une fourchette formant levier. Donc par cet effet, celui
du thermomètre se trouve multiplié de 5 fois environ et j’ai donné à
ce thermomètre une propriété très importante, très désirée dans
celui d’Harrison, c’est qu’on peut, au moyen d’une vis, en augmenter
ou en diminuer l’effet à volonté.
Ne pas oublier d’entrer dans le détail des propriétés de
l’échappement et des motifs qui doivent porter à croire par
l’analyse des deux montres, que la mienne, bien exécutée, doit aller
aussi bien ou mieux que celle d’Harrison, qui cependant à considérer
les tables, allait très bien, dans la même position, si l’on excepte
le très grand froid, don il serait très facile de la parer.
Conclure par un compliment et ne pas oublier de dire que
l’encouragement que m’a donné le prix de l’académie m’a engagé dans
ce nouveau labeur.
On peut aussi rapporter que c’est au désire de satisfaire Monsieur
le Duc de Penthièvre qui m’avait demandé un montre marine qui put
supporter le carrosse.
Si la pression de la roue de rencontre contribue à l’usure de
l’extrémité du pivot ou de son appui, c’est sûrement par la chute
sur les repos, parce qu’alors l’effort résultant du mouvement acquis
de la roue et menée de tout le rouage, il est infiniment plus grand
que quand cette roue n’a qu’une force morte sur les cylindres, cet
effet est nul ici parce que l’effort de la roue, ne tend dans cette
chute qu’à soulever le poids du balancier, ce qui ne peut s’observer
dans les autres.
A entendre certains artistes, il semblerait qu’il y aurait quelque
talisman attaché à certaines constructions, surtout à certains
échappements qui les rendrait supérieurs aux autres. On les voit
préconiser telle ou telle méthodes, sans jamais articuler, sans même
se mettre en peine de démêler ce qui la rend supérieure aux autres,
c’est ainsi qu’ils se gouvernent surtout à l’égard de quelques
échappements. Pour ne point imiter une conduite aussi peu sensée,
posons d’abord les principes sur lesquels on doit se fonder dans la
recherche du degré de perfection de tel ou tel échappement. Le
meilleur selon nous, est celui au moyen duquel, la force motrice
imprime la plus grande puissance au balancier avec le moindre
frottement. Ceci revient à peu près à ce qu’a déjà avancé Monsieur
Mudge dans des remarques sur la montre de Monsieur Harrison.
Le
grand principe de la montre est-il dit, est de donner le plus grand
mouvement au balancier avec une force donnée. On en vient dit-il à
bout par l’échappement et par la quantité de l’arc qu’on lui fait
décrire. Je conviens de ce qu’avance Monsieur Mudge, mais je
soutiens en même temps, que les meilleurs moyens de donner au
balancier ce plus grand mouvement, consiste surtout à amoindrir les
frottements dans l’échappement et à diminuer la masse et la
résistance de la roue de rencontre. En effet d’un côté, la force que
le balancier consume à vaincre les frottements qu’il éprouve est
autant de retranché sur celle que le moteur lui imprime, de l’autre,
plus la roue de rencontre a de masse, moins le moteur imprime, toute
chose d’ailleurs égale, de mouvement par son moyen, car le mouvement
que la masse de cette roue conserve dans son action sur le balancier
et qu’elle ne lui transmet pas, est autant de perdu pour ce
régulateur.
Cela posé, l’échappement de Debaufre ou de Sully, tel que je l’ai
disposé dans la présente montre, me parait l’emporter de beaucoup
sur celui de Graham. En effet, l’inspection suffit pour faire
connaître, à exécution égale, que la roue dans le premier, qui est
plate et construite en rayons, peut être beaucoup plus légère que
celle de Graham, qui consiste en des courbes élevées sur deux plans.
En second lieu, on voit que dans l’échappement de ma montre, le
frottement du repos, fort diminué, se passant fort près de l’axe du
balancier et la proximité dont on fait approcher la roue à volonté,
au lieu que dans l’échappement de Graham, la distance du centre ù la
roue appui, est beaucoup plus considérable et ne peut varier comme
dans celui de ma montre. En troisième lieu, le frottement se trouve
encore diminué dans le régulateur de ma montre tenant lieu de montre
marine, en ce que l’effort de la roue tend à soulever le poids du
balancier et à diminuer le frottement sur l’extrémité du pivot qui
le porte, ce qui n’ a pas lieu dans les autres montres.
S’il pouvait naître le moindre doute sur ce que j’avance et au sujet
de la plus grande puissance de mon régulateur, l’expérience suivante
suffirait pour nous en convaincre: j’ai pris une montre de Grahan,
le balancier a vibré 4”, le mien 21”.
Enfin, tout annonce que nous touchons au moment où les tables de la
lune nous fourniront des moyens pour la détermination des longitudes
en mer. Cela posé, il n’y a personne qui ne sente combien les
montres de l’espèce de celles que nous annonçons, pourront être
utiles outre les observations.
Telles sont les attentions que j’ai prises dans la construction de
la montre que j’ai l’honneur de présenter à l’académie.
Je crois pour l’effet du mémoire, qu’il sera bon après un préambule
convenable sur les causes, les raisons, les encouragements etc. qui
m’ont engagé dans mon travail, de procéder à la description de ma
montre et des expédients employés pour la faire atteindre à une plus
grande justesse et de terminer par tous les avantages qu’elle aura
en qualité de montre marine et astronomique.
Marche du mémoire
Préambule consistant en action de grâce, éloge etc. de l’académie,
de Monseigneur le Duc de Penthièvre, grand amiral. Monseigneur le
Duc de Penthièvre m’ayant fait l’honneur de me demander, dans le
dessin de m’encourager dans un travail et des recherches qui
demandent de pareilles encouragements etc. me fit l’honneur de me
demander une montre marine qui put soutenir les mouvements du
carrosse etc., je me livrais etc.
Rapporter ensuite ce qu’on en avait annoncé dans l’appendice du
mémoire; mais je parle devant une compagnie où l’on connaît assez
toute la distance qui règne entre une machine pensée et une machine
exécutée etc.
Transition qui nous mène à l’exposé des inconvénients et autres
qu’il fallait parer dans celle-ci - exposé des moyens par lesquels
on y est parvenu et description de la machine.
Conclusion servant de récapitulation par laquelle on montre toutes
les causes qui doivent rendre cette montre supérieure aux autres,
puis on terminera par exposer comment on se gouvernera quand on
voudra s’en servir en qualité de montre marine ou astronomique.
On entre dans le détail des avantages qu’elle aura sur les autres
montres marines dans le transport, dans les épreuves à terre qu’on
en pourra faire. l’économie qui en résultera, la quantité qui en
pourra exister sur tous les vaisseaux etc. Surtout la théorie de la
lune pouvant fournir des observations par lesquelles on s’assurera
de la régularité de la machine. On pourra terminer par la facilité
qui naîtra dans la suit dans l’exécution et la perfection de ces
montres. On rapportera pour exemple ce qui est arrivé au sujet du
ressort spiral des outils à fendre, à tailler les fusées, à arrondir
etc.
On terminera par dire que tout annonce que dans quelques années
chaque marin pourra avoir dans la poche un instrument par lequel il
aura les longitudes en mer, ce qui me paraît prouvé dirai-je, par la
justesse de la montre présentée, quoi qu’on ne s’y soit pas servi de
quelques méthodes qui ne pouvaient que contribuer à la rendre encore
plus complète comme les trous percés dans des rubis, mais qu’on
exécute qu’en Angleterre, la roue d’acier, etc. Puis on exposera
comment on prétend y suppléer et on terminera pour prouver la bonté
des nouveaux trous, on s’autorisera de l’expérience des coquerets
d’acier, des paliers etc. On fera une sortie à cette occasion sur
les préjugés qui retardent le progrès des arts, comme ceux de nos
connaissances.
Ne pas oublier de dire qu’après bien des recherches et des épreuves
sur le montres, qui m’ont valu la couronne académique, je n’ai rien
trouvé à y changer, que seulement j’ai eu recours à divers
expédients qui m’ont paru devoir rendre le ressort réglant plus
constant, comme celui de Monsieur Harrison, de tremper le ressort
dans un mélange de 14 parties et faire aller par la glace dans un
bain Marie et par différents degrés de chaleur et de froid etc. Mais
si celle-ci l’emportent par leur précision, voici les avantages qui
naîtront des dernières, premièrement dans le transport, etc.
Le mémoire auquel l’académie a adjugé le prix en 1769, est terminé
par un appendice sur les montres portatives, contenant à peu près ce
qui suit:
Les montres de poche qui pourraient accompagner la Montre marine, ne
pourraient jamais être aussi parfaites que ces dernières, vu leur
peu de volume qui ne permet pas d’y employer toutes les ressources
que j’ai mise en oeuvre dans ma montre pour la diminution du
frottement etc. Je crois cependant, continuais-je qu’on pourrait les
rendre plus exactes:
1) en donnant aux vibrations du balancier un isochronisme plus
parfait par la méthode expliquée (art.3 de la seconde partie du
Mémoire).
2) en y compensant les effets de la chaleur et du froid par un
expédient semblable à celui dont Mr. Harrison a fait usage dans son
garde-temps.
3) en y appliquant un échappement à repos où les frottements soient
beaucoup moindres qu’ils ne le sont sur le cylindre de Graham et
tel, par exemple que celui de Sully, dont la roue est
perpendiculaire aux platines
J’ai exécuté plusieurs montres dans cette dernière vue. Pour cette
effet, j’ai donné à la roue de rencontre, une grandeur telle qu’elle
va jusqu’au cadran d’une part,, et de l’autre près du spiral. J’ai
aussi donné à ces dents la forme de rayons pour que cette roue fut
fort légère; et moyennant quelques autres corrections, je crois
qu’on pourrait démontrer, vu la diminution du frottement qui
résulte, de ce que le repos de la roue peut se faire très près de
l’axe du balancier, que cet échappement est le plus parfait de tous.
L’exposé qui précède, contenant à peu près la description de la
nouvelle montre, j’hésiterais à en parler de nouveau, si l’on ne
savait combien il y a souvent loin, d’une machine pensée à une
machine exécutée. J’oserai donc mettre celle-ci sous les yeux de
l’académie, après avoir dit deux mots du dessin qui me l’a fait
entreprendre.
So Altesse Sérénissime le Grand Amiral, me fit l’honneur de me
demander, il y a environ 18 mois, une montre marine, moins peut-être
pour sa propre utilité, que pour m’encourager dans un travail et des
recherches, qu’elle ne voyait point avec indifférence, surtout
depuis qu’ils avaient été couronnés par l’académie.
Monseigneur le Duc de Penthièvre ayant ajouté qu’il voulait que
cette montre pu soutenir les diverses secousses d’un carosse, d’une
chaise de poste, etc.
Je sentis bien que la montre marine, telle qu’elle avait été soumise
au concours, ne pouvait remplir entièrement ses vues et que rien ne
pouvait mieux y répondre, qu’une montre de poche perfectionnée, car
dans un carosse, une chaise, etc., le gousset d’un homme assis
mollement et qui machinalement prévient les plus grandes secousses,
parait être la meilleure suspension, que puisse en ce cas avoir une
montre.
Persuadé de cette vérité, je construisis celle que j’ai l’honneur de
présenter. Je la nomme montre de marin et non
montre marine, parce
qu’elle tient lieu de montre de poche ordinaire.
Lorsqu’on voudra s’en servir en mer, on la mettra sur sa suspension,
semblable à peu près à celle dont je me sers pour les montres
marines, comme alors elle gardera toujours sa même position, elle
conservera une justesse d’autant plus grande, que cette position est
la plus avantageuse.
En effet, quand la montre est à plat, le balancier porte sur
l’extrémité des son pivot, où le frottement est beaucoup moindre que
quand il s’appuye le long de ces mêmes pivots, d’ailleurs j’ai
disposé l’échappement de manière, que dans cette position, l’effort
de la roue de rencontre, soulage le poids du balancier.
Cet arrangement, joint à l’isochronisme procuré aux vibrations du
régulateur, par la méthode exposé dans mon mémoire, de plus une
diminution considérable des frottements, dans le mouvement des
secondes, qui se fait sur une tige fort menue, et dans
l’échappement, le même dont je parle dans mon appendice, ne peuvent,
sans doute, que contribuer à rendre la nouvelle montre beaucoup plus
régulière que les autres, mais une propriété nouvelle par laquelle
elle l’emporte de beaucoup, c’est sa compensation des effets de la
chaleur et du froid.
J’ai indiqué dans mon appendice celle de M. Harrison; ce qui était
facile à pratiquer dans le garde-temps de l’artiste anglais, ne
l’était point du tout dans une montre de poche; surtout si l’on
considère qu’il faut, dans ce qui détermine la longueur du ressort
réglant, une solidité qui ne paraissait pas pouvoir s’accorder avec
des lames de métal mince et étroites, telles que le volume d’une
montre semblait permettre de les employer. D’ailleurs, ces lames ne
pouvant être que fort courtes, comment en rendre l’effet assez grand
sur le ressort spiral. J’y suis parvenu:
1) en faisant agir ces lames, non sur le ressort immédiatement,
comme dans le garde temps, mais au moyen d’un levier, qui en rend
l’effet cinq fois plus sensible.
2) en disposant les roues de manière qu’elles laissent un espace
suffisant pour loger le thermomètre, c’est à dire ces lames. Par ce
moyen, sa longueur est presque égale au diamètre de la montre et il
a pour hauteur, presque celle de la cage; il en résulte dans cette
partie, une solidité qu’elle n’eut jamais pu avoir, sans cette
disposition.
Par cet arrangement, le thermomètre acquiert encore une propriété
très importante et très désirée dans celui de M. Harrison, c’est de
fournir un moyen simple, d’en augmenter ou diminuer les effets à
volonté, propriété qui naît d’une vis, par laquelle on approche plus
au moins les lames métalliques du centre du levier.
Tels sont les avantages que je crois rassemblés dans la construction
de la nouvelle montre. Nous touchons au moment où les tables de la
lune nous fourniront des moyens surs, pour la détermination des
longitudes en mer. De quelles utilité ne seront point alors, les
montres de l’ espèce de celles que nous annonçons, pour conserver
l’heure entre les observations. Surtout, si l’on considère la
facilité de leur transport, leur peu de volume, la quantité qui
pourra s’en trouver dans chaque vaisseau et qui se serviront de
preuves réciproques, la facilité avec laquelle chaque marin pourra
s’en pourvoir et en faire de épreuves, enfin les usages sans nombre
d’une montre à secondes en mer.
Ces considérations, Messieurs, m’ont porté à soumettre à votre
tribunal, cet ouvrage, fruit des encouragements dont son A.S.
Monseigneur le Duc de Penthièvre a bien voulu m’honorer ainsi que
l’Académie.
Nous avons été chargés par l’Académie, M. Le Monnier et moy,
d’examiner une nouvelle montre, proposée pour l’usage des astronomes
et de la marine et exécutée par M. Julien Le Roy.
Le projet de cette montre avait été indiqué par l’auteur, dans son
mémoire qui avait remporté le prix de l’Académie en 1769. Il
annonçait qu’on pouvait perfectionner les montres de poche en
approchant de l’isochronisme les vibrations du balancier, en
employant un échappement à repos où les frottements sont moindres
que dans l’échappement à cylindre de Graham, enfin en appliquant aux
montres une espèce de thermomètre ou de régulateur, pour compenser
les effets du chaud et du froid, comme M. Harrison l’a fait dans son
garde-temps.
S. A. Monseigneur le Duc de Penthièvre, ayant désiré que le projet
fut exécuté, l’auteur en soumettra l’exécution au jugement de
l’académie.
La pièce la plus remarquable dans cette nouvelle montre, est celle
qui doit compenser les effets de la chaleur et du froid, sur le
ressort spiral. C’est une espèce de règle composée de deux lames de
métal, l’une de cuivre et l’autre d’acier, chevillées ensemble. Sa
longueur est presque égale au diamètre de la montre, elle est fixée
par une de ses extrémités, l’autre peut s’éloigner ou se rapprocher
du point où cette règle est fixée, mais les lames de métal qui la
composent sont d’une dimension nécessairement réduite et d’une
constitution si délicate, étant très minces et très étroites, leurs
dilatations et leurs contractions, feraient peu d’effet sur le
ressort spiral qu’elles doivent allonger ou raccourcir, si elles
agissaient immédiatement sur ce ressort, comme dans le garde temps
de M. Harrison.
Monsieur Le Roy a eu l’adresse de multiplier ces effets, en faisant
agir les lames sur la queue d’un levier, qui tient au ressort spiral
par son extrémité opposée, et qui rend cinq fois plus grande,
l’action de la règle sur ce ressort. L’auteur s’est ménagé par cette
construction, un second avantage, que laissait à désirer le
thermomètre de M. Harrison; il consiste à modifier la force de ce
compensateur, par le moyen d’une vis, qui donne la liberté
d’approcher plus ou moins les lames de métal du centre, ou point
d’appui du levier. Les roues sont disposées de façon qu’elles
laissent un espace suffisant, pour loger le compensateur, et que
cette construction devient très solide.
A l’égard de l’échappement, M. Le Roy l’a décrit dans le mémoire
cité ci dessus; la roue de rencontre est plus grande que dans les
montres ordinaires, son diamètre s’étend depuis le cadran, jusqu’au
près du ressort spiral, ses dents sont taillées en forme de rayons,
ce qui la rend plus légère, sa tige est très menue et son repos se
fait près de l’axe du balancier, ce qui diminue beaucoup le
frottement, dans le mouvement qui marque les secondes.
M. Le Roy pense que cette montre, établie à plat dans un carrosse ou
posée dans un vaisseau sur une suspension de cardan, pourra donner
l’heure, avec une précision presque égale à celle d’une bonne
pendule à secondes, établie sur terre.
Pour la juger sur ses effets, nous l’avons mise et tenue en
comparaison depuis le 21 juillet, jusqu’au 1er août, avec une
excellente pendule à secondes, dans l’observatoire de M. Le Monnier.
Les résultats de cette comparaison, sont détaillés dans la table ci
jointe, où l’on voit:
- Que du 21 au 22 juillet, la montre a retardé de 11 1/2 secondes,
sur le mouvement des étoiles fixes.
- Que du 22 au 23, est a retardé de 25 1/2 secondes.
- Que du 23 au 24, elle a retardé de 18 1/2 secondes.
- Que du 24 au 25, par un grand chaud, elle a retardé de 6 1/2
secondes, sur le mouvement des étoiles.
Cette montre ayant été portée au Louvre dans la poche le 1er août,
et rapportée chez M. Le Monnier, a donné en 24 heures, 1 minute 25
secondes de différence en retard, et le jour suivant, elle n’a
retardé que de 27 secondes.
Il suit des observations précédentes:
1) - Que cette montre ne donne pas, à beaucoup près, la même
précision qu’une bonne pendule.
2) - Qu’elle est de plus très inférieure aux horloges marines, qui
ont été jusqu’à présent éprouvées.
3) - Qu’elle est sujette à se déranger dans le transport, quand on
la porte comme une montre ordinaire.
4) - Qu’elle est fort sensible aux variations qui arrivent dans
l’air par l’humidité, et qu’elle l’est beaucoup plus que les
pendules à secondes ordinaires.
Pour connaître les effets du chaud et du froid sur cette même montre
et constater les avantages de son thermomètre ou compensateur, nous
l’avons exposée successivement pendant 24 heures au froid de la
glace et à la chaleur d’une étuve.
Le 3 août, le thermomètre de Réaumur marquant à l’air 16° à 5h. 50
du soir, la montre, bien enfermée dans une boîte de fer blanc, a été
mise dans un sceau où elle était entourée de glace pillée. Le
lendemain, à 5h.20 du soir, la montre a été tirée de la glace, qu’on
avait eu soin e renouveler, elle s’est trouvée avancer de 13’ 11”,
sur la pendule de M. Le Roy, à laquelle nous l’avons comparée.
Toutes ses parties paraissaient chargées d’une humidité semblable à
celle qu’on voit sur les murs et sur les rampes, dans les dégels.
Le 4 août, nous avons mis cette montre, toujours établie sur une
suspension de cardan, dans une étuve chauffée par un feu de lampe,
il était 5h. 22” du soir. Le lendemain à 5h. 36’ du soir, le
thermomètre marquant à l’air libre 18 1/2 degrés et celui de
l’étuve, 34 1/2 degrés, nous avons retiré la montre, elle s’est
trouvée retarder de 20” seulement.
On voit par ces expériences que le mouvement de la montre a été très
peu dérangé par une augmentation de 16 degrés de chaleur, mais qu’il
l’a été considérablement, par un changement de 16 degrés du chaud au
froid ou plutôt par la grande humidité, dont le froid était
accompagné. Cette cause de dérangement mérite beaucoup d’attention,
car il ne parait pas que ceux qui ont travaillé jusqu’ici à la
perfection de l’horlogerie, en ont été suffisamment occupé. Elle
doit influer aussi sur les pendules, mais les parties des montres
étant plus délicates et plus légères, les effets de l’humidité y
deviennent beaucoup plus sensibles. Les montres marines doivent s’en
ressentir dans les temps de brume et dans les parages humides. Cette
cause de variations, produites comme on le voit dans les
observations, sont beaucoup plus considérables que celles qui
résultent des dilatations et contractions, causées dans les parties
des montres par le chaud et le froid.
L’Académie doit savoir gré à M. Le Roy de lui avoir fourni les
moyens de s’en assurer par nos expériences, et de reconnaître en
même temps, qu’il est difficile de diminuer beaucoup le volume des
montres marines, sans qu’elle perdent de leur précision. On ne
saurait trop inviter M. Le Roy à continuer ses tentatives pour
approcher de plus en plus de la perfection dans la mesure du temps.
Fait au Louvre le 6 septembre 1771
Le Monnier De Montigny.
Monsieur,
Sur ce que mon frère, votre confrère, m’a dit du rapport fait à
l’Académie de ma petite montre, que je nomme montre de marins etc.
je sens que j’ai mille graces à rendre à Messieurs Le Monnier et de
Montigny, nommés commissaires pour l’examen de cet ouvrage, mais en
même temps je suis désespéré, Monsieur, d’un mésentendu auquel j’ai
donné lieu et dont je ne puis me prendre qu’à moi même.
Selon ce rapport, ma montre a avancé de 13 minutes onze secondes en
24 heures, par son séjour dans la glace, je puis vous assurer,
Monsieur, avec toute la candeur dont je me pique, que je n’ai
réellement vu alors, qu’une minute 11 secondes d’avancement.Comment
se fait-il donc que Messieurs les Commissaires y ayant trouvé dans
cette circonstance une accélération de 13’ 11”, c’est ce que je vais
avoir l’honneur de vous expliquer.
La pendule qui me sert de régulateur et qui en servit à mon père, a
deux aiguilles des minutes mobiles à la main, l’une bleue, l’autre
dorée, à laquelle on fait suivre manuellement l’équation, sans que
la précédente tourne. Mon père dit quelque part, qu’il a imaginé ces
sortes d’équation en 1737, les horlogers les nomment équations à la
main.
Quoi qu’il en soit, avant de mettre la montre dans la glace, je l’ai
remontée et mise à l’heure en présence de Messieurs les
Commissaires, choisissant, selon ma coutume, l’aiguille dorée. Mais
Messieurs les Commissaires, en nottant l’instant où je l’avais mise
à l’heure et dans la glace, n’eurent égard qu’à l’aiguille bleue,
aiguille que l’on doit en effet prendre, dans les pendules
d’équation ordinaires, c’est à dire qui la suivent en vertu de leur
construction, parce que comme vous le savez Monsieur, l’aiguille
jaune ou d’équation, a alors une marche différente du moyen
mouvement.
Le lendemain, la montre sortie de la glace, Messieurs les
Commissaires, la comparant à l’aiguille bleue, y trouvent 13’ 11”
d’avancement.
Mon frère m’eut à peine annoncé cette différence, si considérable
eut égard à celle que j’y avais observé, que je conçus bientôt d’où
était venu le mésentendu, allant tout de suite à la pendule, je lui
montrais l’aiguille bleue, à laquelle je n’avais pas touché et qui
était en retard de 12 sur la dorée. Ces 12, jointes à 1
d’avancement, reconnue par moi dans la montre, font bien les 13
minutes, observées par Messieurs les Commissaires. Mon frère, qui
jusqu’alors avait combattu mes raisons, fut forcé de s’y rendre.
Mais une preuve encore plus forte, que je n’ai point vu une telle
erreur dans ma montre, c’est que je n’ai point prié Messieurs les
Commissaires, d’en suspendre ou même d’en supprimer le rapport, ce
que je n’eusse certainement pas manqué de faire, si j’avais eu le
soupçon d’une erreur de 13 minutes.
Au reste, j’aurai cru manquer de discrétion en cherchant à connaître
les remarques et les notes que Messieurs les Commissaires avaient la
bonté de faire sur la marche de ma montre, voila ce qui a produit le
quiproquo, dont je prends la liberté de vous informer et de vous
prier d’instruire l’Académie.
J’ai l’honneur d’être très parfaitement Monsieur, et avec tous les
sentiments que je vous dois, votre très humble et très obéissant
serviteur.
Le 9 Septembre 1771
Le Roy l’Aîné.
Messieurs Le Monnier et De Montigny, qui avaient été nommés pour
examiner une nouvelle montre proposée pour l’usage des astronomes de
la marine, par M. Le Roy l’Aîné, horloger de Sa Majesté, en ayant
fait le rapport, l’Académie a jugé qu’elle ne pouvait que savoir gré
à M. Le Roy de lui avoir fourni les moyens de s’assurer du
dérangement des montres, causé par l’humidité, , dérangements qu’on
ne connaissait point jusqu’ici, de reconnaître en même temps, qu’il
est difficile de diminuer beaucoup le volume des montres marines,
sans qu’elles perdent de leur précision, et qu’on ne pourrai trop
inviter M. Le Roy à continuer ses tentatives pour approcher de plus
en plus de la perfection dans la mesure du temps. En foy de quoy
j’ai signe le présent certificat
à Paris, le 10 May 1773.
Pour minute: Defouchy
Si l’on pouvait amener les montres de poches à un degré de justesse
approchant de celui des Montres Marines, indépendamment du plus
grand avantage dont elles seraient alors pour les usages de la vie
civile, elles deviendraient de la plus grande utilité pour les
astronomes en nombre de cas, et pourraient donner des déterminations
exactes des longitudes terrestres, propriété que n’ont pas les
montres purement marines. De plus, comme elles seraient moins
coûteuses que ces dernières, il en résulterait encore, , vu surtout
leur peu de volume, la facilité de leur transport, et le besoin
presque indispensable, dont elles sont à chaque particulier,
qu’elles deviendraient d’un usage beaucoup plus général, et beaucoup
plus commode pour la marine, et qu’il s’en trouverait toujours un
grand nombre sur chaque vaisseau, dont chaque marin aurait pu faire
des expériences suivies en son particulier, et qui se serviraient
réciproquement de preuves.
Ces considérations m’avaient porté à traiter, dans un article séparé
du Mémoire sur la meilleure manière de mesurer le temps en mer, des
moyens qu’on pouvait mettre en oeuvre, pour porter les montres de
poche à une plus grande perfection. Et dans l’année 1771, j’eu
l’honneur de présenter à l’académie, une montre construite d’après
les vues exposées dans cet article.
Dans cette montre:
1) J’avais procuré plus de liberté aux vibrations du balancier, au
moyen d’un échappement à repos, celui de Sully perfectionné, où le
frottement était considérablement réduit.
2) Ces vibrations avaient été rendues plus isochrones par une
longueur convenable du ressort spiral,selon la méthode expliquée
dans le Mémoire que j’ai cité.
3) J’étais parvenu à y compenser, à très peu près, les effets de la
chaleur et du froid, en y adaptant le thermomètre d’Harrison, et en
le faisant agir sur le ressort spiral au moyen d’un levier, disposé
convenablement pour cet effet.
4) J’avais disposé un étui pour recevoir cette montre, lorsqu’on
voulait s’en servir comme montre marine, de manière que se trouvant
alors enfermée dans une boîte, sur une suspension de cardan, elle
conserva sa même position, c’est à dire celle où le balancier étant
horizontal, le régulateur porte sur l’extrémité de son pivot, sur un
rubis, ce qui diminuant de beaucoup la quantité de frottement,
occasionné par le poids du régulateur, la rend en même temps
beaucoup plus constante.
C’est cette même construction, considérablement perfectionnée, que
j’ai l’honneur de soumettre de nouveau au jugement de l’académie.
Premièrement la montres de 1771, n’avait point de fusée, celle ci en
a une, et j’y ai employé la mécanique décrite dans le mémoire de
Monsieur Harrison, pour que la montre aille en la remontant.
En second lieu, je n’avait trouvé d’autre moyen en 1771, pour donner
à la lame composée, ou thermomètre de M. Harrison, la solidité et la
largeur requise, que de mettre cette lame dans la cage, et c’était
ce qui m’avait porté à supprimer la fusée, pour pouvoir trouver dans
cette cage, une place suffisante, dans la présente montre, J’ai
placé le thermomètre sur la platine du balancier, parallellement à
cette platine. Par cet arrangement, ce thermomètre devient aussi
fort, aussi solide qu’on peut le désirer, et l’on conserve la fusée.
Troisièmement, dans la montre de M. Harrison, et même dans toutes
les montres de Angleterre faites avec soin, les pivots du régulateur
et des dernières roues, tournent dans des rubis percés, nous n’avons
point en France l’art d’exécuter de semblables rubis, les pivots
dans nos montres, tournent dans des trous de cuivre, où se forme du
vert de gris, par l’huile qu’on est obligé d’y mettre pour diminuer
le frottement, d’où résulte une espèce de sédiment tenace , qui
augmente la résistance de ce frottement et en rend la quantité
variable. J’ai suppléé aux rubis percés par des trous percés dans
des petites pièces d’acier fondu, trempées de de toute leur dureté,
et par une méthode particulière, je suis parvenu à donner à ces
trous, la solidité et la forme désirable.
Quatrièmement, l’inconvénient que je viens de remarquer dans les
trous de cuivre, a aussi lieu à l’égard du frottement de la roue de
rencontre de cuivre sur les parties de l’échappement, j’y ai obvié
de même, en faisant la roue de rencontre d’acier fondu trempé, ce
que M. Harrison avait déjà pratiqué. La forme des dents de ma roue
de rencontre, rend cet avantage très facile à obtenir.
Enfin, j’ai disposé l’échappement de manière que la montre étant
dans sa position horizontale, l’effet de la roue de rencontre,
soulage le poids du balancier sur l’extrémité de son pivot.
Par toutes ces attentions, je crois qu’on portera les montres de
poche, sinon au degré de justesse des Montres Marines, du moins à
une régularité qui les rendra d’une grande utilité aux astronomes et
aux marins, et d’un usage infiniment plus sûr et plus satisfaisant
dans leur service ordinaire.
Dans un article précédent, consacré aux montres de Pierre Le Roy à
l’usage des astronomes et des marins, l’une de ces montres, signée:
Julien Le Roy invenit, Paris 1772 — H. Laresche Renovavit, Paris
1804, était présentée comme l’aboutissement des travaux de Pierre Le
Roy dans ce domaine. Il s’agissait d’une grosse montre en argent
double face, les heures et les minutes sur l’un des cadrans, les
secondes sur l”autre. Parmi les manuscrits concernant Pierre Le Roy,
conservés au Centre de Documentation de l’Histoire des Techniques
(C.D.H.T.), du Conservatoire National des Arts et Métiers (C.N.A.M.)
un extrait du procés verbal de la séance du 2 Mars 1763 de
l’Académie des Sciences, concernant les montres à secondes à deux
cadrans. Dans ce mémoire, Pierre Le Roy explique les avantages des
montres à secondes à deux cadrans, sur les montres à secondes
traditionnelles. Cette montre comporte donc deux cadrans, l’un pour
les heures et les minutes, l’autre pour les secondes, la quatrième
roue de cette montre, c’est à dire la roue de champ ou celle qui en
tient lieu, porte sur son axe une autre roue hors de la platine du
coq qui conduit immédiatement la roue des secondes placée au centre
du cadran. Cette disposition est la plus favorable qu’on ait encore
a proposée pour l’exactitude et la simplicité d’une montre à
secondes, puisqu’elle de suppose aucun renvoi, les secondes y sont
portées par une roue sans canon et dont l’axe est très mince;
l’engrenage de la petite roue moyenne dans le pignon de roue de
champs se fait dans le milieu de la tige et non vers le pivot comme
dans toutes les autres montres, les montres à secondes où l’on fait
conduire les secondes par le pignon de roue de rencontre ont moins
de force; celles où l’on place la petite roue moyenne sous le cadran
causent une très grande usure à l’un des pivots de la roue de champs
auprès du quel se fait toute l’action. Celles où l’on fait servir la
roue de champ ont une roue de plus, si l’on veut que les secondes
tournent vers la droite. Outre cet inconvénient dans les méthodes
ordinaires, on evite dans la méthode de Monsieur Le Roy le
frottement de la chaussée des secondes qui est fort grand à cause de
sa vitesse et de son diamètre. Les aiguilles ne s’accrochent point,
le cadran des secondes ne s’ouvre jamais pour remonter la montre et
dès lors l’aiguille des secondes est moins sujette à se salir, il y
a moins de jeu dans les secondes, ainsi c’est une méthode de plus
pour les montres à secondes, pourvu qu’on veuille s’assujettir à
voir les minutes sur un cadran et les secondes sur l’autre.
Mars 1763
Nous avons examiné par ordre de l’Académie un mémoire lu par
Monsieur Le Roy, Horloger du Roy, à l’occasion de deux montres qu’il
a présenté à l’Académie. La première est une montre à secondes où se
trouvent deux cadrans, l’un pour les heures et les minutes, l’autre
pour les secondes, la quatrième roue de cette montre, c’est à dire
la roue de champ ou celle qui en tient lieu, porte sur son axe une
autre roue hors de la platine du coq qui conduit immédiatement la
roue des secondes placée au centre du cadran. Cette disposition est
la plus favorable qu’on ait encore a proposée pour l’exactitude et
la simplicité d’une montre à secondes, puisqu’elle de suppose aucun
renvoi, les secondes y sont portées par une roue sans canon et dont
l’axe est très mince; l’engrenage de la petite roue moyenne dans le
pignon de roue de champs se fait dans le milieu de la tige et non
vers le pivot comme dans toutes les autres montres, les montres à
secondes où l’on fait conduire les secondes par le pignon de roue de
rencontre ont moins de force; celles où l’on place la petite roue
moyenne sous le cadran causent une très grande usure à l’un des
pivots de la roue de champs auprès du quel se fait toute l’action.
Celles où l’on fait servir la roue de champ ont une roue de plus, si
l’on veut que les secondes tournent vers la droite. Outre cet
inconvénient dans les méthodes ordinaires, on evite dans la méthode
de Monsieur Le Roy le frottement de la chaussée des secondes qui est
fort grand à cause de sa vitesse et de son diamètre. Les aiguilles
ne s’accrochent point, le cadran des secondes ne s’ouvre jamais pour
remonter la montre et dès lors l’aiguille des secondes est moins
sujette à se salir, il y a moins de jeu dans les secondes, ainsi
c’est une méthode de plus pour les montres à secondes, pourvu qu’on
veuille s’assujettir à voir les minutes sur un cadran et les
secondes sur l’autre.
La seconde pièce présentée à l’Académie par Monsieur Le Roy est une
cadrature de répétition dans laquelle on supprime le marteau des
quarts en faisant sonner des coups doubles par trois doubles dents
portées immédiatement sur le rochet de la répétition; ces quarts ont
plus de force et sont moins sujets à manquer; il est vrais que la
suppression du marteau des quarts doit être regardée comme une
espèce de retour à la plus ancienne et à la plus simple des
cadratures de répétition, mais on n’avait point alors de coups
doubles et dans les répétition à timbre on ne pouvait guère en
avoir, ainsi nous croyons que ce mémoire prouve de plus en plus le
goût et le talent de Monsieur Le Roy pour la perfection de
l’horlogerie, et qu’on doit faire mention de sa montre à secondes
dans l’histoire de l’Académie.
Fait à Paris dans l’Académie des Sciences le 2 Mars 1763.
Certifie l’extrait cy dessus conforme à l’original et au jugement de
l’Académie
à Paris le 16 Mars 1763
Grandjean Defouchy
Secrétaire Perpétuel de l’Académie des Sciences.
:Jean-Claude
Sabrier.
2010 |
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End of
article.
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